16 novembre 2006

Jean Jacques Waltz dit Hansi (1873 - 1951)


Dessinateur et résistant alsacien.

I. Sa jeunesse

Jean Jacques Waltz dit Hansi naît le 23 février 1873, à Colmar - à savoir en Alsace allemande depuis son annexion en 1871. C'est le benjamin d'une famille de quatre enfants nés du mariage de Jacques André Waltz et de Rosalie Clémence Dunan. Les Waltz vivent en Alsace depuis le XVIIème siècle et comptent parmis leurs ancêtres de nombreux artisans - boulangers, chapeliers, bouchers... En 1891, son père devient conservateur du musée Unterlinden de Colmar. C'est lui qui éveille très tôt un goût pour l'Histoire et pour l'art chez son fils. Dès l'âge de 10 ans, Jean Jacques Waltz est contraint de fréquenter l'école du Reichsland et se fait remarquer par son goût pour le dessin et son refus de se soumettre à la discipline. Au lycée, sa cible favorite sont les professeurs dont certains viennent parfois de régions allemandes très lointaines pour y enseigner le français. Pour pouvoir entrer à l'Ecole des Beaux Arts de Lyon, il s'oriente vers une carrière de dessinateur industriel. Il suit les cours de la Société d'enseignement professionnel du Rhône. Mais en 1896, après avoir contracté une pleurésie, il est contraint de regagner Colmar et de travailler dans les industries textiles de la vallée de Mulhouse. Parallèlement, il continue à améliorer sa technique de la peinture et pratique également l'eauforte et l'aquarelle. C'est à cette époque que les premières cartes postales apparaissent en Autriche et en Allemagne. Vers 1896, les cartes postales gagnent enfin Colmar. L'année suivante, Jean-Jacques Waltz, publie une première carte Colmar et sa plaine. Deux de ses amis lui permettent d'entrer dans le cercle d'artistes de Strasbourg de la Revue Alsacienne et il participe alors à diverses manifestations aux côtés d'Alsaciens très connus tels que Bartholdi ou Hornecker. Jean Jacques Waltz commence tout doucement à se faire connaître.
En 1907, il publie sous le pseudonyme de Hansi, un recueil intitulé Vogesenbilder - à savoir Images des Vosges - qui rencontre un vif succès. Il réalise plusieurs séries de cartes tirées d'aquarelles représentant des paysages. Il publie jusqu'en 1914 plusieurs oeuvres littéraires, dont le très connu Professor Knatschke - une satire anti-germanique où il se permet notamment de railler la rénovation du château du Haut-Koenigsbourg par les Allemands. La présence allemande en Alsace lui est insupportable et il laisse donc libre cours à son penchant ironique au travers de dessins humoristiques. De nombreuses cartes signées Hansi paraissent représentant des enfants alsaciens dans des cadres villageois bucoliques. Il devient un des symboles de la résistance alsacienne à l'Allemagne et se voit plusieurs fois condamné devant les tribunaux allemands.

II. Les guerres mondiales

Ses livres L'Histoire d'Alsace racontée aux petits enfants en 1912, puis Mon Village en 1913 confirment son succès national. Avec son compagnon Zislin, ils sont considérés comme le symbole de la résistance alsacienne par le mouvement des "revanchards " animé par Barrès et Déroulède. Mais Hansi n'échappe pas aux Prussiens : il est poursuivi pour s'être moqué des gendarmes et professeurs allemands dans Mon village. Envoyé devant la cour de Leipzig, il est condamné à un an de prison. En Juillet 1914, il fait la Une de nombreux journaux. Clémenceau lui consacre même deux éditoriaux de L'Homme Libre. Hansi réussit à fausser compagnie aux Allemands lors d'un voyage à Colmar et rejoint alors la France où il s'engage dans le 152ème régiment d'infanterie dès la déclaration de la guerre. Il est rejoint par Zislin et tous deux serviront en qualité d'officiers interprètes.
Après la guerre, il publie plusieurs livres illustrés - notamment le Paradis tricolore et L'Alsace illustrée - mais ne rencontrent plus le même succès. En effet, les Alsaciens ont certes accueillis les Alliés avec joie mais ils ne veulent pas perdre une identité pour laquelle ils se sont battus face aux Allemands. Il réalise des affiches pour les chemins de fer d'Alsace et de Lorraine ainsi que des enseignes que l'on peut encore voir dans les rues de Colmar. En 1923, à la mort de son père, Jean Jacques Waltz lui succède au poste de Conservateur du Musée d'Unterlinden à Colmar. Entre 1923 et 1933, les Potasses d'Alsace lui commandent des cartes publicitaires. Encore une fois, Hansi met ses talents au service de la publicité.
Lorsqu'éclate la seconde guerre mondiale, Hansi, connu comme fer de lance de la lutte anti-germanique et dont les cartes ont popularisé les idées, doit se réfugier
en zone libre. On le retrouve à Agen où la Gestapo le laisse pour mort devant sa porte, un soir d'avril 1941. A la suite d'un long périple, Hansi malade, affaibli et démoralisé, s'exile en Suisse. Ce n'est qu'en juin 1946 qu'il retrouve enfin sa ville natale. Il publie encore des livres illustrés et quelques cartes.

III. La fin de sa vie

Le 10 juin 1951, après trois années de maladie, Jean Jacques Waltz meurt à Colmar à l'âge de 78 ans. L'artiste laisse à son pays un immense trésor culturel et artistique. Mais il a aussi été controversé à son époque. Ses images de villages alsaciens disparaissant sous les drapeaux tricolores ont pu faire croire aux Français que le retour de l'Alsace en France ne poserait aucun problème. Graveur à l'eau-forte, aquarelliste, imagier populaire, écrivain, historien, Hansi a su marquer son temps.


Pour en savoir plus sur Hansi et le musée qui lui est consacré à Riquewihr: La route des vins d'Alsace

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