30 novembre 2006

Jean François Paul de Gondi dit le cardinal de Retz


Homme d'Eglise et homme d'Etat, mémorialiste français du XVIIème siècle.

I. Sa formation

La famille de Gondi s'est installée en France au temps de Catherine de Médicis. En 1581, ils obtiennent un duché-pairie. Philippe-Emmanuel de Gondi, son père a été un des protecteur de Vincent de Paul; il est d'ailleurs rentré dans les ordres une fois veuf. La famille de Gondi dispose de l'évêché de Paris depuis 1598; c'est d'ailleurs au profit de cette famille l'archevêché de Paris est créé en 1622. Jean François Gondi est destiné à devenir un prince de l'Eglise et doit succéder à son oncle. Il suit des cours de théologie chez les jésuites.
Mais en parallèle, il mène une vie plutôt débauché et est opposé au cardinal de Richelieu depuis q'un de ses frères aînés doit renoncer aux galères au profit d'un neveu de Richelieu. Jean François de Gondi affirme même qu'il a participé au complot du comte de Soissons. En 1643, après la mort de Richelieu et de Louis XIII, il est nommé coadjuteur de l'archevêque de Paris. Il commence alors a prêcher, les curés parisiens l'apprécient beaucoup.
Jean François de Gondi est également évêque in partibus de Corinthe, évêché purement honorifique, qui n'existe plus. Il participe à des assemblées du clergé: il défend le droit de l'Eglise contre pouvoir temporel, et notament Mazarin.

II. Le frondeur

En 1648, il prend position contre Mazarin dans le but de prendre sa place. Il aimerait être cardinal afin de devenir le principal conseiller de la Reine-Mère. Il utilise notament son influence sur les prêtres pour soulever le peuple en juillet 1648. En janvier 1649, la cour quitte Paris, Gondi organise un régiment de chevaux léger, des corinthiens, pour protéger Paris contre les armées de Mazarin : mais c'est un échec. Il tente également d'empêcher la paix de Rueil mais là aussi c'est un échec.
Lors de la Fronde des princes, Jean François de Gondi est apparu entre le camp de Mazarin et de Condé car il espérait devenir cardinal. En 1650, il essaie de resoulever Paris en rapprochant la Veille Fronde de la Nouvelle Fronde, autour de Gaston d'Orléans qui en forme le ciment. C'est une réussite. Il espère obtenir le rôle de principal ministre avec l'aide de la Reine-Mère. Il arrive à discuter avec elle en bloquant Louis XIV et Anne d'Autriche à Paris.
En février 1622, il devient cardinal, mais entre temps, ses partisans ce sont éloignés de lui. Il a d'ailleurs failli être étranglé entre deux portes par Larochefoucault. Il fait un discours insolent devant Louis XIV et est arrêté en décembre 1652.

III. Un long exil

En 1654, on lui demande de démissionner de son poste d'archevêque. Il accepte cette démission dans le but d'être libéré malheureusement on ne le relâche pas et il apprend que le pape qui est contre Mazarin refuse cette démission. La cour est alors convaincu d'un complot entre Gondi et le pape. Il réussit à s'évader et part pour Rome après être passé par l'Espagne. Il demeure donc archevêque depuis Rome et les curés en sont ravis. Il s'endette considérablement et doit bientôt quitter Rome. Il vit alors tout autour de la France en attendant la fin de Mazarin. En 1662, il doit finalement renoncer à son archevêché et peut alors revenir en France, où en tout cas dans le duché de Lorraine. Il essaie alors de tout faire pour revenir en grâce auprès de Louis XIV, en intriguant au conclave pour les papes pro-français.
A la fin de sa vie, il est autorisé à revenir à Paris où il meurt en 1679. Il est alors enterré à Saint Denis, sans qu'il y ait de nom sur sa tombe. Dans les quatre dernières années de sa vie, il reconnaît tous ses péchés et vit de prières et de renoncement. C'est durant cette période qu'il écrit ses Mémoires. Il se moque des historiens et pourtant, lui même ment dans ses mémoires et invente ce qui l'arrange. Ses mémoires rendent bien compte de ce que pense un grand seigneur du XVIIème siècle. Il a également écrit la conjuration de Fiesque quelques années auparavant, dans lequel il a analysé un complot.

Guillaume Budé ( 1467 - 1540 )


Premier humaniste et le plus influent avec Lefèvre d'Etaples.

I. Un autodidacte

Guillaume Budé est né en 1467 dans une famille fortunée. Son père est grand audiencier de la chancellerie royale, il contribue donc à la rédaction des textes de l'Etat, et possède une grande bibliothèque. Par sa mère, il est lié à la famille Poncher (dont sont issus l'évêque de Paris et les principaux conseillers de Louis XIII), ce qui va poser un problème au moment au Guillaume Duprat arrive au pouvoir puisque ce dernier s'oppose à la famille Poncher.
Guillaume Budé fait des études de droit Orléans, la meilleure université de droit, mais c'est un mauvais élève. l'élève n'est pas satisfait du type même d'enseignement qu'on y dispence. Il se passionne pour l'Antiquité pour comprendre en profondeur les textes de loi. Il veut apprendre le grec mais ne trouve aucun professeur de grec en France. Il entend parler de Georges Hermonyme, réfugié de Spartes et étudie un peu avec lui. Il faut attendre le voyage de Charles VIII en Italie qui ramène Jean Lascaris pour que Guillaume Budé ait des cours de grec. Au dévut du XVIème siècle, il commence à donner son avis sur des textes grecs et publie des traductions. Grâce à de nombreux voyages en Italie, il perfectionne son grec. Il est reconnu par Erasme et Lefèvre d'Etaples en tant qu'hélleniste. Il continue d'apprendre le grec avec François Tissard et Gilles Gourmont. Jacques Aléandre s'installe à Paris et enseigne le grec: de plus en plus de français apprennent le grec.
Parrallèlement, Guillaume Budé apprend les mathématiques et l'architecture. Il se marie à 38 ans avec une jeune femme de quinze ans dont il a eu onze enfants.

II. Le philologue

En 1508, Guillaume Budé publie un grand ouvrage les annotations aux vingt-quatre livres des Pandectes, il s'agit de la première partie du Digeste - la base du droit romain de Justinien . L'auteur a essayé de retrouver les textes originaux sans glose ( id est sans commebtaires ). Il réussit à en déduire beaucoup de notions nouvelles sur la vie des Romains: il analyse la civilisation romaine à travers le théâtre, les jeux, le mobilier, la façon dont il plante les arbres, ...)
Six ans plus tard, il publie De asse en 1514. Il part des questions monétaires à l'époque des romains pour en revenir aux grandes questions de civilisation. Guillaume Budé est le premier des grands historiens.
En 1529, il publie un dictionnaire de langue grec le commentaire de langue grec et en 1530 un traité sur la philosophie où il explique qu'à travers la philologie on accède à la sagesse antique.

III. L'Erasme français

Avec François Ier, dès 1517, Guillaume Budé à l'idée d'une institution pour apprendre l'humanisme et le grec. En 1530, il créé le collège des lecteurs royaux pour l'apprentissage du grec, du latin, de l'hébreu. Des pensions sont promises aux professeurs qui doivent trouver des locaux. Les premiers professeurs d'hébreu sont Vatable et Guidacier et ceux de grec sont Toussaint et Danès. On y ajoute une chaire pour le latin pur, ce qui révolte la Sorbonne. Le latin devient un but en soi, ce qui est nouveau. Puis des chaires de mathématiques, de rhétorique, de médecine, ... sont créées. La Sorbonne est hostile à cette institution car elle y voit une concurence dans son magistère intellectuel.
Guillaume Budé a fait chercher des livres à travers toute l'Europe pour étoffer la bibliothèque royale. Il aurait aimé que le collège des lecteurs royaux soit un palais dédié aux muses.
Il conseille François Ier et écrit l'institution du prince où il explique ce que doit être le roi, un roi absolu qui s'appui sur son pouvoir thaumaturgique et un roi qui est entouré de philosophes, de sages. Cet ouvrage est lu par le roi dès 1519 mais il n'est publié que de manière posthume en 1547.
Guillaume Budé rédige aussi des oeuvres de courtisan tel qu'un traité de vainerie. Confronté aux problèmes religieux, il a de la sympathie pour Luther mais pour lui il va trop loin. Il prend donc des distances face au protestantisme. Il veut des obsèques les plus discrètes possible. Après sa mort, une grande partie de sa famille bascule dans le protestantisme.

Guillaume Budé a été au centre de l'humanisme et en correspondance avec tous les grands humanistes: Erasme - avec qui il se brouille -, Thomas Moore, Richard Pace, Thomas Linacre, ... Sa rencontre avec Thomas Moore à lieu au camp du drap d'or. C'est au final un homme assez austère qui a publié le mépris des choses fortuites en 1520. Il était pour un labeur continuel, obstiné et percévérant.


28 novembre 2006

Jean Bullant ( vers 1520 - 1578 )


Un des plus grands architectes du XVIème siècle et de la renaissance.

I. Un protégé des Montmorency

Jean Bullant est né vers 1520 dans une famille de maître-maçon. Il apparaît rapidement qu'il est plus doué que le reste de sa famille. Entre 1541 et 1543, il effectue un voyage en Italie. A son retour, il travaille sur des chantiers des Montmorency:
  • à Ecouen, il travaille sur l'aile nord et transforme l'aile gauche en ajoutant un grand portique
  • à Chantilly, il inspire le petit château
  • à la Fère en Tardenois, il construit un pont avec deux galleries
  • il réalise le tombeau du connétable de Montmorency
  • il travaille à l'église de Luzarches et de Sarcelles
Il publie également des ouvrages de réflexion. En 1561, il publie un recueil d'horlogiographie, en 1564, un petit traité de géométrie et d'horlogiographie pratique, et enfin en 1568, les règles générales d'architectures pour les Montmorency.

II. Au service de la couronne

En 1570, après la mort de Philibert Delorme et du Primatice, Jean Bullant est fait architecte de la reine-mère. Il travaille alors à la fois au château de Fontainebleau, il double la taille de l'appartement de la reine-mère, et aux château des Tuileries, où il travaille au pavillon de Flore. Il s'occupe aussi des tombeaux royaux et créé la chapelle des Valois à Saint Denis.
A Chenonceau, qui appartient à cette époque à Catherine de Médicis, il édifie une galerie de deux étages sur le pont. Il réalise aussi l'hôtel de Soissons, l'hôtel de la reine.
Il décède de manière précoce dès 1578.

III. Ses apports à l'architecte

Jean Bullant introduit une nouveauté: l'utilisation de l'ordre colossale (avec de grandes colonnes) qui est préféré aux ordres superposés. Dans ses compositions , les verticales dominent alors qu'auparavant, n tentait de compenser par des horizontales.
L'architecte a un goût certain pour le grandiose, à la Fère en Tardenois, sa galerie à deux étages est très haute, inspirée des aqueducs romains.
Il avait un grand projet pour le château de Saint Maur, de Catherine de Médicis, notamment l'élaboration immense fronton, mais il est mort sans pouvoir le mettre en oeuvre.
Jean Bullant a essentiellement fait parler son originalité alors qu'il était au service des Montmorency. Une fois au service de la monarchie, il termine plutôt des travaux commencé par d'autres architectes tels que Philibert Delorme.
Il a eu deux inspirateurs: la Rome antique et Philibert Delorme dont il est un des disciples. C'est le premier des maniériste en architecture: il créé un rythme syncopé et applique des règles légèrement érronée. Par exemple avec le petit Chantilly, les deux pavillons avancent un peu et ne sont pas tout à fait au même niveau.
Jean Bullant a beaucoup inspiré Jacques Ancrouet du Cerceau qui a réalisé un recueil de gravures: les plus excellents bâtiments de France.

Honoré d'Urfé ( 1568 - 1625 )


Auteur du roman le plus lu au XVIIème siècle: l'Astrée

I. Sa formation

Honoré d'Urfé appartient à une des plus vieilles familles du Forez mais lui-même est né à Marseille en février 1568. Sa famille connaît un décollage à partir du moment où les Beaujeu arrivent au pouvoir.
Claude d'Urfé, son grand-père, était un ambassadeur de François II et son précepteur. C'est lui qui a fait construire la Bastie d'Urfé dans la Loire, un château renaissance avec une pièce de bains recouvert de coquillages. C'est ce château qui sert de cadre à l'Astrée et qui révèle une certaine nostalgie d'Honoré d'Urfé.
Son père, Jacques Ier d’Urfé, né au château de la Bastie en 1534, chambellan et gentilhomme de la maison du roi de France, a épousé en 1554, à Compiègne, en présence de la Cour et du roi Henri II, Renée de Savoie, fille aînée et héritière de Claude de Savoie, comte de Tende et chevalier de l’ordre du roi, lieutenant général pour le roi en Provence et amiral du Levant.
Par sa mère, Renée de Savoie, Honoré d’Urfé descend des Lascaris, une très ancienne famille impériale de Byzance, qui s’illustre à partir de Théodore Lascaris qui fonde l’empire de Nicée après la prise de Constantinople par les croisés , en 1204. Le dernier empereur Lascaris, Jean IV Doukas, un enfant lorsqu'il monte sur le trône, est renversé par le régent, Michel VIII Paléologue, en 1259. Pour éloigner le danger des Lascaris, Michel Paléologue marie les soeurs de Jean Lascaris à des princes et seigneurs étrangers. C’est ainsi qu’Eudoxie Lascaris épouse Guillaume Pierre, comte de Vintimille, gentilhomme génois, que les révolutions de l’empire d’Orient avaient attiré à Constantinople, et qui appartenait à la branche aînée d’une ancienne famille, issue, dit-on, du marquis d’Ivrée, roi d’Italie.
Honoré d'Urfé passe avec sa mère ses premières années , de 1572 à 1575, à Tende. Il retrouve ensuite la Bastie d’Urfé, à l'âge de dix ans. Le jeune homme est destiné à une carrière dans le métier des armes. Il passe par le collège de Tournon, puis entre au service de la Savoie. En 1584, Honoré devient chevalier de l’ordre de Malte. Plus tard, il s'engage dans les troupes ligueuses avec deux de ses frères et rentre tardivement en grâce auprès du nouveau roi Henri IV. En 1603, il est finalement fait gentilhomme de la chambre du roi. C'est un ami de Malherbe.
Il épouse la veuve de son frère, Diane de Châteaumorand, en 1600.

II. L'Astrée

L'Astrée est véritablement l'oeuvre de sa vie puisqu'il commence sa rédaction dès son adolescence. L'ouvrage comporte plus de 5 000 pages. Les deux derniers tomes du roman ne sont publiés qu’après sa mort en 1627 et 1628. Il semblerait que c'est son secrétaire, Balthazar Baro qui rédige, à partir de ses notes, la cinquième et dernière partie du roman. La première édition complète parait en 1632-1633, puis en 1647. L'histoire évoque un berger, Céladon qui tombe amoureux d'Astrée mais les amants ne peuvent pas s'aimer librement puisque leurs deux familles se haient. Le tout se passe dans le Forez au Vème siècle. Mais pour les lecteurs du XVIIème siècle, cela ne fait pas de doute : l’amour de Céladon pour Astrée est celui d’Honoré d’Urfé pour Diane de Châteaumorand. Il s'agit d'un roman pastoral dont la source semble être l'Arcadia de Sannazar qui date de 1502.

III. La portée de l'ouvrage

L'ouvrage se veut un modèle moral de comportement pour le retour à la paix après la guerre civile. On y distingue largement l'attrait pour la vie rural et la volonté du retour des seigneurs à leurs terres.
C'est une sorte de bréviaire de l'honnête homme: Honoré d'Urfé insiste sur la courtoisie, la galanterie. L'ouvrage se pose en modèle de sagesse.
C'est aussi un roman d'éducationsur l'amour contrarié et les façons de le surmonter. L'auteur développe également l'héroïsme chrétien: "il faut mourir en soi pour pouvoir revivre en autrui". On retrouve un même écho chez François de Sales.
Le cardinal de Retz évoque l'Astrée dans ses mémoires, ce qui témoigne de sa diffusion et de la longévité de son influence.

Tertulien ( vers 160 - vers 240 )


Ecrivain africain de langue latine, Père de l'Eglise.

I. Sa formation

Quintus Septimus Florens Tertullianus dit Tertullien est né vers 160 à Carthage. Il est issu d'une famille berbère païenne. De sa vie on ne connaît peu de chose. Son père est centurion dans une légion de l'armée romaine, la cohorte proconsulaire mais il meurt très tôt. Tertullien est un excellent élève, il étudie la rhétorique, la jurisprudence, l'histoire, la poésie, les sciences et la philosophie. Il devient avocat et professeur de rhétorique et est promis à une brillante carrière. Il parle et écrit le grec, mais ses écrits en cette langue sont perdus. Il résulte de son propre aveu que, avant sa conversion, il se livrait sans retenue à tous les plaisirs et à tous les désordres que se permettait la jeunesse païenne.

II. Le chrétien

Vers 197-198, il se convertit au christianisme. Il semble qu'il est séduit par l'esprit de sainteté qu'il trouve aux chrétiens, par leur humilité, leur abnégation face aux persécutions et la hauteur de la doctrine évangélique. Sa conversion est soudaine et décisive. Il dit d'ailleurs plus tard : « On ne naît pas chrétien, on le devient ». Adversaire du paganisme et moraliste intransigeant, il est le premier auteur latin à tenter une synthèse entre christianisme et philosophie païenne.
Il épouse une chrétienne mais n'a pas eu d'enfant. Peut-être est-il devenu prêtre. L'année 207 marque un grand tournant dans sa vie avec son adhésion au montanisme. Rompant avec l'Église traditionnelle, ses positions deviennent plus rigoristes. Paradoxalement, il combat avec encore plus d'acharnement les hérésies gnostiques qui minent la chrétienté au IIIe siècle et devient même le professeur de Cyprien de Carthage. Il meurt à Carthage vers 230-240.
C'est un personnage très controversé. D'une part, il lutte activement contre les cultes païens et est considéré comme le plus grand théologien chrétien de son temps - on lui doit le terme de trinité - d'autre part, il rejoint le mouvement hérétique montaniste à la fin de sa vie.

III. Ses oeuvres

  • Ad Martyres
  • Apologeticum
  • De Testimonio animae
  • Ad Nationes
  • Adversus Judaeos
  • De Oratione
  • De Raptismo
  • De Paenitentia
  • De Spectaculis
  • De Cultu faeminarum I
  • De Idolatria
  • De Cultu faeminarum II
  • De Paenitentia
  • Ad Uxorem I et II
  • De Praescriptione hoereticorum
  • Adversus Marcionem.
On retrouve beaucoup les pensées de Tertullien dans les ovrage de Cyprien même s'il n'est jamais nomément cité. En effet, Cyprien a nourri quotidiennement sa propre réflexion de la lecture de Tertullien.

26 novembre 2006

Le livre dans l'ancienne France


A l'origine, le livre est un objet rare et manuscrit, la société étant surtout dominé par la culture orale. Avec l'apparition de l'imprimerie, la culture écrite prend de l'importance.

Quel est l'impact de cette culture écrite sur la société?


I. La naissance d'une civilisation du livre.

A. L'essor matériel.

Les conditions matérielles ont prédisposé à la création de l'imprimerie. Gutenberg marque la naissance du livre. Avec lui, c'est la rencontre d'une encre suffisament grasse, d'un métal suffisament souple pour résister à la presse et la mise au point de la presse elle-même. La vallée du Rhin est le premier foyer de l'imprimerie.
Au XVème siècle, 3 000 livres sortent des presses, au XVIème siècle ce sont 60 000 livres, au XVIIème siècle, 200 000 livres et au XVIIIème siècle, 400 000 livres. Peu à peu, une codification se met en place:
  • lettre caroline pour l'écriture
  • mise en page aérée
  • code pour la ponctuation
  • page de garde hiérarchisée
Les titres imprimés évoluent également. Au début de la période, ce sont essentiellement des livres religieux qui sortent, puis il y a un recul et peu à peu, ils sont concurencés par différents secteurs: les oeuvres humanistes, les romans, les livres scientifiques.

B. Le monde du livre

Le monde du livre est composé des imprimeurs, des typographes, ... Le premier imprimeur est un allemand, Froben. Le modèle vient donc de l'étranger avant de se développer en France autour d'Estienne à Paris, de Griffe à Lyon, ... Le métier lui-même évolue: au départ les imprimeurs s'occupent aussi de la diffusion, puis progressivement il y a une spécialisation: on est libraire, imprimeur ou éditeur.
Les capitales de l'imprimerie en France sont Paris et Lyon puis quelques villes universitaires telles que Tours, Toulouse, Poitiers ou Bordeaux. Les ouvriers typographes, plus cultivés que la moyenne, sont aussi plus revendicatif et sont à l'origine de troubles sociaux et religieux.
Progressivement, le nombre d'imprimeurs augmente et parfois ils deviennent un recours pour des écrivains qui n'arrivent pas à percer comme Restif de la Bretonne. A partir de 1618, un statut de corporation est créé, la profession d'imprimeur est reconnu.

C. Un public potentiel de plus en plus vaste

Les livres se modifient progressivement, on passe de l'in-quarto à des modèles plus petits, notamment avec Alde Manuce qui produit des in-12 ou in-16. La diffusion d'almanach devient aussi de plus en plus importante, ce sont des livres simplement brochés qui sont populaire dès le XVIème siècle.
La bibliothèque bleue de Troyes permet une diffusion plus populaire. En parallèle, l'alphabétisation augmente. Les illustrations abondante favorisent un public moins alphabétisé. Les gravures se diffusent également autour d'artiste comme Dürer ou Lucas Peni. Les livres d'heure sont des petits ouvrages de prières qui se diffusent même dans les milieux les plus modestes.

II. La réception du livre

A. Evolution de la psychologie

La diffusion plus massive du livre transforme peu à peu la façon de lire: on passe d'une lecture à haute voix à une lecture muette. Comme dans le domaine de la foi, il y a une amplification du phénomène d'interiorisation.
Il y a aussi évolution de l'apprentissage et de la diffusion des connaissances. On peut avoir un apprentissage livresque et moins répétitif. Il y a une plus grande ouverture d'esprit puisque l'accès au savoir est plus important ce qui transforme le regard de la société sur le monde.

B. Des publics variés

Grâce à l'inventaire des bibliothèques des défunts, on peut définir le profil de différents types de lecteurs:
  • la bourgeoisie administrative liée au savoir dont les 2/3 disposent de livres: des livres de droit, des livres religieux, des livres d'histoire, ...
  • la bourgeoisie marchande dont 1/4 seulement dispose de livres: c'est une culture moins humaniste plus tourné vers les livres d'utilité ou d'évasion.
  • la haute noblesse de robe dispose des plus belles bibliothèques avec de grands ouvrages classiques tels que Montesquieu
  • la haute noblesse pour qui le livre est synonime de prestige et dont la bibliothèque est tourné vers des ouvrages d'apparat
  • les artisans et boutiquiers qui ne possèdent souvent q'un seul livre de piété
  • les paysans disposent rarement de livres
Au XVIIème siècle, les livres profanes se diffusent et les livres religieux connaissent un certain recul, surtout en ce qui concerne les Pères de l'Eglise. Il y a un élargissement de la demande.

C. La diffusion du livre

Le livre circule de mieux en mieux et atteint son apogée au XVIIIème siècle. Il circule grâce aux colporteurs, aux cabinets de lecture qui sont mis en place par les libraires avec une sorte d'abonnement, grâce aux bibliothèques publiques (18 bibliothèques ouvrent au public à Paris).
La plus grande bibliothèque à Paris est celle des Génovéfins au milieu du XVIIIème siècle, elle contient quelques 45 000 ouvrages.
Les pouvoirs publics facilitent l'ouverture des bibliothèques. Dans un tableau de Paris, Louis-Sébastien Mercier décrit des loueurs de livres qui les louent pour le tiers de leur prix.


III. Le livre: un enjeu A. Dans les luttes religieuses

Le livre a permis la diffusion des thèses de Luther dès 1520 en France. Les catholiques utilisent aussi les livres qui deviennent la base de la controverse entre les deux camps.
On constate un intérêt constant pour les thèmes religieux: les livres de piété sont toujours très diffusés. Les Jésuites disposent d'une imprimerie à Trévoux pour diffuser leurs ouvrages.
Durant les Lumières, les livres deviennent à nouveau la base de a controverse entre les catholiques et les philosophes.

B. Les enjeux politiques

La monarchie n'a eu de cesse de contrôler les livres. Elle a voulu à la fois contrôler les imprimeurs et les livres. François 1er est par exemple le seul contrôle de l'université de Paris. Les imprmeurs sont tenus de prêter un serment au recteur.
Le roi intervient en 1535 pour interdire la publication de tout livre à Paris pour quelques jours à la suite de l'affaire des placards. Entre 1539 et 1541, le roi définit des conditions de publication, d'abord pour Paris et à Lyon, puis sa difusion est élargie. Charles IX, en 1571, instaure un système où les imprimeurs doivent désigner des élus qui les représentent dans chaque ville de France. Ils sont tenus de n'imprimer aucun livre hérétique. Le procureur-syndic est créé. Louis XIII, en 1618, organise les imprimeurs en corporation.
On trouve aussi une volonté de contrôler les productions. En 1539, François Ier instaure un dépôt légal mais il fonctionne peu et uniquement pour les petits ouvrages. En 1566, Charles IX instaure une autorisation préalable à toute nouvelle publication d'ouvrage. Cette autorisation est délivrée par une lettre de privilège, en même temps qu'un monopole. C'est le chancelier qui est chargé de tout ce qui touche au livre mais la censure est peu utilisée. Les protestations contre les livres viennent plutôt de l'extérieur, notamment du pape contre les ouvrages gallicans publiés en France. En 1617, Louis XIII publie un édit qui subordonne le privilège si l'éditeur donne deux ouvrages au roi. Louis XIV impose que les livres soient lu par les censeurs avant qu'ils soient imprimés. Les livres ne sont donc imprimés qu'après une correction. A partir de 1701, le directeur de la librairie est placé sous l'autorité du chancelier. Au XVIIIème siècle, un privilège tacite est instauré, le roi laisse se diffuser des ouvrages qui ne sont pas cautionné par la monarchie mais qui sont tolérés, puisqu'au final les livres interdit sont imprimés hors des frontières et entre tout de même en France. Les ouvrages clandestins se diffusent très bien. La censure elle-même s'affaiblit après 1750.

C. La naissance d'une opinion public

La diffusion du livre permet un débat public à partir de joutes oratoires ou livresques. Progressivement, la monarchie doit prendre en compte cet opinion public, elle a un rôle d'éducateur de l'opinion public.
Les écrivains obtiennent petit à petit un statut, qui se forge en 1778: on lui accorde des droits d'auteur. C'est notamment l'oeuvre de Beaumarchais. Donc à terme, le livre créé l'écrivain.


La fin de la période est marquée par une certaine sacralité du livre.

La dame de Vix ( environ 500 av. J.C. )


En Bourgogne, au pied du Mont Lassois est découvert un des plus beau site princier celte en 1953.

I. Histoire du site

La tombe remonte au début du VIème siècle av. J.C. et correspond à la fin de l'âge de Fer. C'est l'apogée du Mont Lassois qui occupait une place stratégique dans les relations entre Europe du Nord et Europe du Sud. Venant des îles britanniques, l'étain était débarqué à Vix où la Seine cessait d'être navigable, pour être transporté en Italie par voie terrestre. Cette découverte met en avant l'ampleur des échanges culturels des mondes méditerranéen et septentrional.
Le site se trouve sur l'axe de communication Nord-Sud reliant le bassin parisien au bassin rhodanien via les vallées de la Seine et de la Saône. L'oppidum du Mont Lassois est une plaque tournante de l'étain qui transitait entre la Cornouailles et l'Italie. L'étain débarqué à Vix était ensuite transporté vers l'Italie par voie terrestre.

II. Les fouilles

En janvier 1953, le cratère est découvert par Mr Moisson, chef de chantier, resté un soir pour avancer le travail. Il faudra alors quatre jours pour extraire le vase : écrasé, le col et le pied sont rentré dans la panse, les anses doivent être démontées mais heureusement il est possible de tout reconstituer. Les 12 et 13 février, ils découvrent le corps de la Dame de Vix, dans une chambre funéraire de 9m2, reposant sur un char et parée de nombreux bijoux, bracelets en schiste et en perles d'ambre.
A côté de son crane repose un admirable torque en or de 24 carats qui pèsent 480 grammes. D'autres objets sont trouvés autour du Mont Lassois tels que 40 000 tessons de céramique, une figure en bronze, des amphores, des coupes, des cratères à volutes et à colonnettes, vingt-cinq vases à figurines noires, des boucles d'oreilles, des bracelets, des anneaux, des perles et quelques armes.
Pour les archéologues, ces découvertes majeures figurent parmi les plus importantes du XXème siècle, au même titre que celles de la tombe de Toutankhamon, de la grotte de Lascaux, des rouleaux de la mer Morte ou du mausolée du premier empereur de Chine.

III. Le cratère de bronze de Vix

Le cratère est une pièce exceptionnelle pour les scientifiques qui tentent de comprendre comment les artisans de l'époque sont parvenus à créer un tel chef-d'oeuvre.
Caractéristiques du cratère:
  • Un vase d'un mètre 64 pour 208 kg
  • Un couvercle passoire de 13,8 kg
  • Une statuette de femme vêtus d'un peplos, portant un voile de style archaïque se
    trouvant sur l'ombilic du centre du couvercle d'une hauteur de 19 cm.
  • Une anse en volutes supportées par des gorgones dont le corps se confond avec la queue des serpents.
  • Un col décoré par un bandeau en relief représentant un défilé d'hoplites et de chars à quatre chevaux.
Ce cratère est le plus grand vase connu à ce jour. Il est deux fois plus haut que des objets similaires retrouvés en ex-Yougoslavie et peut contenir presque quatre fois plus de liquide soit quelques 1100 litres. L'usage de ce vase fabriqué par les Grecs de l'Italie du Sud, vers 530-520 av. J.C. reste un mystère. Peut-être était-il un cadeau diplomatique offert à la princesse avec laquelle on l'a découvert pour la remercier du commerce entretenu sur son territoire.

IV. La dame de Vix

La tombe renfermait la dépouille d’une femme d’une trentaine d’années gisant autrefois sur un char, peut-être recouverte d’une étoffe. On a retrouvé de nombreux éléments métalliques du véhicule. La dame était sans doute parée de ses plus beaux atours. Elle était couverte de pas moins de 25 objets de parure : fibules - broches pour retenir les extrémités d’un vêtement - en bronze, avec incrustations de corail ou d’ambre, ou de fer avec de l’or ; anneaux de bronze pour les chevilles, bracelets de schiste, de bronze avec des perles d’ambre, de diorite et de serpentine. Et surtout l'extraordinaire collier d’or ou torque de 480 grammes.
Outre ces bijoux, on a retrouvé une cruche - oenochoé en jargon archéologique - et trois bassins - récipients portatifs creux - étrusques en bronze, ainsi que deux coupes en céramique originaires de la région d’Athènes. S’ils apportent de très précieuses informations sur les courants d’échanges entre la région de Vix et la Méditerranée, ils n’ont pas la même valeur artistique que le fameux cratère, le torque en or et une coupe en argent, appelée « phialle » par les spécialistes rehaussée d’or. La coupe possède un fond constitué d’un ombilic, arrondi recouvert d’une feuille d’or. Le reste de la coupe est fabriqué en argent, métal très rarement employé à l’époque.
A la contemplation de ces objets d’exception, une question se pose : qui était la dame de Vix pour justifier un enterrement aussi fastueux ? Il s’agissait, selon toute vraisemblance, d’une personnalité très importante. Laquelle a emporté dans l’autre monde les objets symbolisant son rang dans le monde des vivants. Le choix du vase qu’il soit propre à la Dame de Vix, ou qu’il relève de la personne qui lui en a fait cadeau de son vivant ou comme dernier hommage, peut constituer une référence au statut social et au prestige de cette femme qui fut sans doute l’une des plus puissantes au cœur de la Gaule. Les femmes pouvaient apparemment jouer un rôle de premier plan. « Celui de la dame de Vix était sans doute plus religieux que politique » d'après Claude Rolley. On peut supposer qu’il s’agissait d’une sorte de prêtresse d’un culte. La coupe en argent était peut-être ainsi la marque de son pouvoir, un objet qu’elle utilisait lors d’une cérémonie religieuse, une libation par exemple, au cours de laquelle elle répandait un liquide en l’honneur d’une divinité. Et ce à l’occasion du départ des hommes au combat, comme pourrait le laisser penser les guerriers représentés sur le cratère. La statuette du couvercle étaye cette hypothèse religieuse: elle montre une femme debout, la tête couverte d'un long voile, tenant apparemment dans ses mains des objets qui ont disparu. Une autre statuette, découverte près de la tombe, permet de les identifier: elle représente, elle aussi, une femme debout qui tient une phialle dans sa main droite et une cruche dans sa main gauche. La cruche a pu servir à puiser un liquide dans le cratère, la coupe à le verser. Le cratère, la cruche et les bassins étrusques ainsi que les coupes attiques découvertes dans la tombe de Vix évoquent le cérémoniel des banquets tels qu’on les voit sur les fresques de tombes étrusques. La réserve de boisson était constituée par le vase, la cruche servant à verser le liquide et les coupes à le boire.

Luitprand de Crémone ( vers 920 - vers 972 )

Historien et diplomate qui effectua plusieurs ambassades dans l'Empire romain d'Orient.

I. L'ambassadeur


Luitprand est né dans une famille lombarde vers 920 et fut élevé à la cour de Pavie. Vers 945, il est envoyé par la roi Bérenger à Constantinople en ambassade auprès de Constantin VIIafin de faire titulariser Bérenger en tant que roi d'Italie. Cette première ambassade se déroule dans un climat cordial. Luitprand s'émerveille de la prodigieuse mise en scène des splendeurs de la capitale : automates dorés en forme d'animaux, festins, cadeaux somptueux, et jusqu'à un trône impérial muni d'un ingénieux mécanisme ascensionnel. Sous l'action de ce dernier, l'empereur semble gagner les sphères surhumaines et il devient impossible aux simples mortels de ne pas ressentir son immense charisme. Cela se lit dans les descriptions minutieuses et admiratives que rédige l'ambassadeur. Lors de son retour en Occident, auprès du roi Bérenger, vers 955, il s'oppose à lui et quitte sa cour. Il rejoint ainsi l'empereur Otton 1er qui le renvoie en Italie et le nomme évêque de Crémone en 961.
En 968, Othon Ier l'envoie en ambassade à Constantinople dans le but de demander à l' empereur Nicéphore II Phocas la main d'une princesse Porphyrogénète pour son fils. Mais cette seconde ambassade est beaucoup plus délicate et difficile à mener; Luitprand revient bredouille. En effet, l'empereur byzantin lui attribue un logement inconfortable et éloigné du palais. Il lui interdit d'aller à cheval. et lui fournit, pour vin, une ignoble piquette. Tout le personnel de l'Ambassade est formé d'êtres stupides et malveillants d'après l'ambassadeur. Les discussions entre Liutprand et Nicéphore ne sont que des dialogues de sourds. Sous l'effet de ces brimades, luitprand de Crémone acquiert une perception nettement moins admirative de la splendeur byzantine. Les habits sont effectivement en soie mais elle est sale. La foule acclame le monarque, mais elle est formée d'infâmes commerçants dont les pieds nus trahissent l'indigence. Nicéphore lui-même, premier souverain de la Terre, n'apparait que comme une sorte de crapaud dans ses récits.
Otton Ier espérait obtenir par ce mariage la paix avec l'empire byzantin, mais aussi la reconnaissance par l'empereur byzantin du titre d' "Empereur et Auguste" que le pape lui a conféré. Liutprand de Crémone révèle qu'à la cour byzantine, Otton est appelé "Rex".

II. Son oeuvre

Liutprand est connu pour ses écrits :
  • l'Antapodosis, sur fond d'hostilité entre Luitprand et Bérenger et sa femme, il s'agit d'une histoire en six livres, des événements qui ont eu lieu en Italie, en Allemagne et dans l'Empire Romain d'Orient entre 886 et 952. Il régigea cet ouvrage de 958 à 962.
  • le Liber de rebus gestis Ottonis magni imperatoris, récit historique rédigé entre 960 et 964.
  • le Legatio ou De Legatione Constantinopolitana, récit de ses deux ambassades à Constantinople.

Nicolas Restif dit de la Bretonne ( 1734 - 1806 )


Ecrivain de la fin du XVIIIème siècle abondament cité par les historiens.

I. Sa formation

Nicolas Restif est né à Sacy près d'Auxerre, il appartient à un milieu de laboureurs aisés. Huitième enfant de la famille, il étudie à l'école du village, puis séjourne dans un petit séminaire où enseigne son demi-frère qui est influencé par les jansénistes. En 1751, il effectue un apprentissage en tant qu'imprimeur à Auxerre. En 1755, il part à Paris afin de perfectionner sa formation, il entra comme compagnon à l'Imprimerie royale du Louvre. De retour à Auxerre, il épousa la fille de son patron.
Il est doué et apprécié et fini par se lancer lui-même dans l'écriture suite au succès de son premier roman la Famille vertueuse en 1766. Mais sa santé se gâta et son mariage de même: il divorce en 1794. La comtesse Fanny de Beauharnais le protége à partir de 1787. Pendant la Révolution, il garde une attitude prudente sur le plan politique, mais les temps difficles le mènent à la ruine. Il installe en 1790 dans son domicile une petite presse sur laquelle il imprime ses propres textes. En 1798, il obtient un poste dans la police, qui est malheureusement supprimé en 1802. Il finit alors sa vie dans le dénuement, n'ayant plus aucun moyen de publier ses créations.

II. Le graphomane

Il rédige quarente-sept ouvrage en cent quatre-vingt quatorze volumes soit plus de 60 000 pages au cours de sa vie. Au départ, il commence par plagier des oeuvres déja existante: Lucie ou les progrès de la vertu (plagié de Lucette ou les progrès du libertinage), Le nouvel Abélard (plagié de la nouvelle Héloïse) et la fille naturelle (plagié du fils naturel). Puis il se lance vraiment dans la littérature. Il touche à tout, les romans d'anticipation, la pornographie, les pamphlets, les mémoires, ...

III. Les thèmes de ses oeuvres

Il rédige un cycle familial avec en 1775 le paysan perverti, en 1779 la vie de mon père et la malédiction paternelle. En 1783, il commence une autobiographie M. Nicolas ou le coeur humain dévoilé. En 1788, il écrit les nuits de Paris qui forme une source abondante pour la connaissance du Paris pré-révolutionnaire.
Nicolas Restif se méfie du bas-peuple: le thesmographe ou idées pour opérer une réforme générale des lois. Il rédige également un roman d'anticipation, les découvertes australes où il met en scène une société qui permettrait de concilier les besoins de chacun pour l'équilibre de tous. Ce dernier roman inspire notamment Nerval et Fourier. En 1854, Alexandre Dumas fit de lui et de sa famille les personnages d'un roman-feuilleton, l'Ingénue.


Apulée ( vers 125 - vers 170 )


Auteur du IIème siècle ap J.C. originaire d'Afrique, un des premiers exemples d'une carrière littéraire entièrement réalisée en dehors de Rome.

I. Sa formation

Lucius Apuleius est né vers 125 dans une riche famille de Madaure en Numidie. Fils d'un duumvir de Madaure, il est doté d'une fortune honorable. Dans un premier temps, il étudie à Carthage, où il apprend l'éloquence latine, puis il part à Athènes pour suivre un enseignement philosophique supérieur. Il voyage beaucoup, notamment de la partie orientale de l'Empire, passe par Rome avant de retourner en Afrique. Carthage devient sa résidence habituelle et où il y meurt après 170. Bien que totalement romain par sa culture et son oeuvre, Apulée reste très attaché à ses origines, n'hésitant pas à se revendiquer plus tard "demi-numide et demi-gétule". Une statue le représente à Carthage et le désigne comme un "philosophe platonicien". Il s'intéresse à tout, aux sciences, à la philosophie, à la religion, et même à la magie. Parlant aussi bien le latin que le grec, il peut même passer sans problème d'une langue à l'autre au cours du même discours.

II. Son oeuvre

Il écrit beaucoup durant toute sa vie. Les métamorphoses ou l'âne d'or en onze livres le rend célèbre. Il s'agit d'un récit fait à la première personne, d'un certain Lucius, un jeune homme curieux de tout, qui s'étant frotté de trop près à la magie, se voit transformé en âne. Sous cette forme, il va connaître toute une série d'aventures, entrant en contact successivement avec des brigands, des esclaves fugitifs, des prêtres de la déesse syrienne, un meunier, un maraîcher, un soldat, deux frères esclaves un pâtissier et un cuisinier, puis leur maître. Etant donné que c'est l'âne qui raconte et qu'il a conservé son sens aigu de l'observation et son esprit critique d'homme, il nous donne à voir par l'intérieur les activités et les préoccupations de tous ces milieux très différents qu'il a fréquentés. L'ensemble nous fournit un remarquable tableau de la vie quotidienne au IIe siècle de l'Empire. Tout cela, au fil de plusieurs livre, car la transformation en âne s'est produite au livre III et c'est au dernier livre seulement que Lucius retrouve sa forme humaine, ce qui ne sera d'ailleurs possible que grâce à l'intervention bienfaisante de la déesse Isis. En réalité sur l'histoire principale viennent se greffer par des procédés variés, une foule d'autres récits de longueur variable. Le plus long d'entre eux est le Conte d'Amour et de Psyché; c'est une vieille servante qui, dans la caverne des brigands, le raconte à Charité, une jeune fille que ces mêmes brigands viennent d'enlever. Sur ce plan, les Métamorphoses apparaissent aussi comme un recueil de nouvelles. Mais dans cette première oeuvre, il ne parle pas de sa terre d'origine. Ce n'est que dans les oeuvres qui suivent qu'il évoque l'Afrique.
L'Apologie est un pladoyer retouché qu'il prononce devant le tribunal du proconsul lors du procès qui lui fut intenté par les parents de sa femme Emilia Pudentilla, beaucoup plus âgée que lui, qu'il a épousée à Oea en Tripolitaine. Fâchés voir l'héritage leur échapper, ceux-ci l'accusèrent devant les tribunaux d'avoir envoûté leur parente pour qu'elle accepte de l'épouser.
Apulée était un conférencier à succès; les florides regroupent vingt-trois discours publics qu'il a prononcé à Carthage en latin ou en grec.
Il rédigea aussi des poèmes, des traductions, des traités techniques aujourd'hui perdus notamment sur les arbres, la médecine, l'astronomie..., et qui n'étaient peut-être que de simples compilations ou des résumés. Nous possédons par contre, sous son nom, plusieurs traités philosophiques. Le De deo Socratis constitue l'exposé le plus approfondi que l'antiquité nous ait laissé sur la démonologie. Le De Platone et eius dogmate libri II, sorte de résumé scolaire et assez terne de la doctrine de Platon et enfin le De mundo, qui s'inspire de la théorie péripatéticienne de l'univers et qui n'est en fait qu'une adaptation en latin d'un traité grec anonyme sur le même sujet.

III. Les apports.

A travers ses oeuvres, on comprend que l'enracinement d'Apulée dans sa patrie de Madaure ne s'oppose pas à son appartenance à la romanité.
On dicerne la place de la femme dans la bonne société des villes de Tripolitaine, les superstitions et les pratiques rurales de magie au IIème siècle dans une des régions les plus riches de l'Afrique. On y trouve également l'influence du droit romain dans des stratégies matrimoniales et successorales africaines, le fossé culturel qui sépare l'élite et les paysans dont Apulée se sert pour montrer au gouverneur qu'ils appartiennent au même monde.


Claude le Pelletier ( 1630 - 1711 )


Contrôleur général qui succède à Colbert de 1683 à 1689.

I. Les bases familiales

Né à Paris en 1630 dans une famille noble liée au Le Tellier. Claude le Peletier est apparenté à Jacques Peletier du Mans, auteur de la Pléïade. Son père, Louis le Peletier, devient trésorier des finances et achète un titre de noblesse en 1637 puis il devient secrétaire des finances de Gaston d'Orléans.
Claude le Peletier a reçu une excellente éducation, dans un premier temps avec un précepteur, puis au collège Grassin. Il se lie à Jérôme Bignon, un érudit, et fréquente un autre érudit, Pierre et Jacques Dupuis. Il effectue un riche mariage en 1656 avec la fille du prévot des marchands dont le père appartient au milieu des fermiers généraux.

II. Un homme de pouvoir?

En 1652, Claude le Peletier est nommé conseillier au Parlement de Paris, avant de devenir Président.
En 1660, il reçoit la tutelle des filles de Gaston d'Orléans. L'aînée épouse le Grand Duc de Toscane grâce aux négociations de Claude le Peletier. La cadette épouse le Duc de Guise par amour.
En 1668, il devient prévot des marchands et est reélu quatre fois d'affilé. Il fait effectuer des travaux d'aménagement, notamment les grands boulevards suite à la destruction des remparts: la porte Saint Denis et la porte Saint Martin, l'aménagement du quai de la place de Grève. Il supervise l'éclairage de Paris grâce à 5 000 lampes.
Il devient conseillier d'Etat. A la mort de Colbert en 1683, le clan Le Tellier pousse Claude le Peletier vers le contrôle général. On aurait dit à Louis XIV qu’il n’était pas propre pour cette place parce qu’il n’était pas assez dur, lequel répondit "C’est pour cela que je le choisis". Claude le Peltier est déçu par les expédients auxquels il faut avoir recours et aurait aimé avoir un souverain un peu moins dépensié. Il démissionne en 1689 et devient ministre d'Etat. Mais il s'éloigne de plus en plus de la cour. Il revient voir Louis XIV une fois par an jusqu'à sa mort en 1711, même s'il désavoue secrètement sa politique.

III. Mécénat, puissance et postérité

Claude le Peletier se constitue un important domaine à Villeneuve-Leroy. Il achète d'abord un maison, puis une seigneurie qu'il rachète à Guillaume du Vair, ancien chancelier.
Passioné de peintre, il devient le mécène de Sébastien Bourbon, disciple de Poussin. Il possède une très riche bibliothèque, en faisant racheté des bibliothèques d'érudits. Il est notamment proche de Gainière, un érudit qui passe sa vie à traverser la France et à reproduire des chartes et des monuments et de Bignon. Il est très lié au milieu dévot, c'est un ami des jansénistes et des jésuites.
Il est à la tête d'une importante famille: il a eu six filles, dont quatre sont devenus religieuses et un fils qui a été victime d'un accident. Claude est le neveu de le Peletier des Forts, ministre sous Louis XV. Son beau-frère, Fleuriot d'Armenoville, fut aussi ministre de Louis XV. Son arrière-grand-père, Pierre Pitou, est l'auteur de la Satyre Ménipée qui mettait en avant le courant des Politiques durant les guerres de religion. C'est un ancêtre d'Alexis de Toqueville et de le Peletier de Saint Fargeaux, assassiné après le vote de la mort de Louis XVI.

25 novembre 2006

Antoine Furetière ( 1619 - 1688 )


Ecrivain français, ecclésiastique et grammairien.

I. Sa formation

Né dans une famille de la petite bourgeoisie parisienne, Antoine Furetière effectue d’excellentes études au cours desquelles il acquiert une très bonne connaissance de l’Antiquité, assimilant même les premiers rudiments de quelques langues orientales. Il se destine de prime abord à une carrière dans le droit. Il est reçu au barreau de Paris en 1645 et s'achète une charge de procureur fiscal auprès de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, ce qui le conduit rapidement à vouloir entrer dans les ordres. En 1662, il est nommé abbé de Chalivoy, dans le diocèse de Bourges et prieur de Pruines et cumule de nombreux bénéfices. Il fréquente les cercles d'écrivains comme les amis de La Fontaine, les frères Boileau ou Maucroix. Il s'intéresse donc à la littérature et publie des romans, des fables et des poésies, ce qui lui vaut l'attention de l'Académie française, dont il est élu membre en 1662. Dès 1649 il commence à écrire des pièces comiques et publie l'Enéide travestie - une parodie -, puis l'Histoire des derniers troubles arrivés au royaume d'éloquence et le Voyage de Mercure (1659). A l'Académie, il s'oppose à un groupe autour de Jean Chapelin, qui est chargé de répartir l'argent entre les différents membres.

II. Les oeuvres

C'est un auteur burelesque, dans la veine de Scarron. Il s'en prend aux financiers, aux hommes de guerre, aux athées, ... En 1666, il publie le Roman Bourgeois. Il s'agit d'un roman réaliste, d'une satire de la société des précieuses, notamment du monde des avocats et des procureurs du quartier Maubert à Paris. On y relève par exemple un passage célèbre où il présente un Tarif ou Évaluation des partis sortables pour faire facilement les mariages constitué de deux colonnes, la première réservée aux divers montants possibles de la dot d’une jeune fille, et la seconde correspondant au type de mari auquel elle peut prétendre en fonction de ladite dot. Il énumère également les défauts, travers et tics de cette société et leur reproche particulièrement leur naïveté, la pédanterie dont ils font preuve. Le roman est écrit dans le style d'une discussion.

III. Le dictionnaire

Il est impliqué dans la rédaction du dictionnaire de l'Académie française, mais il est irrité de la médiocrité de ses collègues. Il décide donc de publier son propre dictionnaire. Il s'intéresse tout particulièrement au vocabulaire des métiers, de la marine, ... Ses définitions sont courtes et précises. Il utilise l'ordre alphabétique pour classer son dictionnaire, alors que l'Académie décide de classer le sien en faisant des groupes de mots.
Mais l'Académie l'accuse de plagia et entame un procès contre Antoine Furtière au cours duquel se dernier meurt. Il est exclu de l'Académie en janvier 1685 mais le roi n'autorise son remplacement qu'après sa mort. Le Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois, tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts parait de façon pasthume en 1690, alors que celui de l'Académie paraît quelques années plus tard en 1694. Les deux volumes initiaux de la première édition d'Antoine Furetière paraissent à Amsterdam, préfacés par Pierre Bayle. Le dictionnaire de Furetière est une véritable mine de renseignements en ce qui concerne le vocabulaire de l'Ancien Régime pour les historiens. Il est aussi très utile pour l’étude des mœurs, des coutumes et de la vie privée au XVIIème siècle.

21 novembre 2006

Philippe Champaigne ( 1602 - 1674 )

Célèbre portraististe du XVIIème siècle, peintre de cour pro-janséniste.

I. Un peintre de cour

Philippe Champaigne est né à Bruxelles en 1602. Il étudie la peinture avec des peintres flamands. Il est notamment formé avec un paysagiste, Jacques Fouquière.
Il s'installe à Paris en 1621 où il retrouve Georges Lallemend et Nicolas Duchesnes. Il rencontre Nicolas Poussin et travaille avec lui en 1624.
Il travaille entre autre au palais du Luxembourg antre 1625 et 1627 pour Marie de Médicis. En 1627, il retourne à Bruxelles. Mais dès 1628, il revient en France. Il épouse la fille de Nicoals Duchesnes et reçoit des lettres de naturalisation. Il devient aussi l'objet du mécénat de Marie de Médicis en devenant valet de chambre du roi.
Des institutions religieuses font aussi appelle à lui comme le Carmel. Il se révèle un excellent portraististe et travaille notament pour Richelieu. C'est l'année 1635 qui marque le début de ses relations avec le cardinal, il décore la galerie des hommes illustres du Palais Cardinal, partageant tout de même la commande avec Simon Vouet. En 1638, il travaille pour le roi: Louis XIII remettant le royaume à la vierge. Ce tableau est beaucoup reproduit à l'époque. Il continue à peindre pour Anne d'Autriche, notamment dans son appartement au Val de Grâce. Entre 1643 et 1651, il peint une cinquantaine de portraits: Omer Talo, Colbert, des cardianux, des évêques, ...
Il joue un grand rôle dans la création de l'Académie de peinture et de sculpture en 1648. La monarchie la prend ensuite en main et impose ses règles. A l'origine, le métier de peintre était un métier juré autour de l'Académie de Saint Luc. Une rivalité perdurera jusqu'à la Récolution française entre les deux académies. L'Académie royale est remaniée par Le Brun. La plupart de ses peintures représentant des scènes religieuses se retrouvent aujourd'hui au Louvre.

II. Le peintre de Port Royal.

Philippe de Champaigne a commencé par formé son fils à son art mais ce dernier est mort précocement. Il continue alors en formant son neveu: Jean Baptiste Champaigne. Une de ses filles est amenée à rentrer au couvent de Port Royal: Catherine de Sainte Suzanne. Le début de ses relations avec le couvent date de 1643. Il fait alors le portrait de religieuses, notamment la famille Arnauld. Un miracle à lieu, la fille de Philippe de Champaigne, qui était presque handicapée se remet à marcher: ex-voto de 1662. Il donne à Barcos, le neveu du fondateur de Port Royal, les pélerins d'Emaüs.
Mais Philippe Champaigne accepte aussi des commandes des jésuites: l'Anonciation, les Ames du Purgatoire, ... et même pour les Protestants. Après 1651, Philippe Champaigne connaît une petite éclipse devant Charles Lebrun. Mais il continue ses portraits: le président Lamoignon, Séguier ou Arnauld d'Andilly. Il soutient son neveu qui devient membre puis professeur à l'Académie.
Sa dernière grande réalisation est l'église Saint Gervais-Saint Protais où il représente la vie des martyrs.

III. Les apports artistiques

Philippe Champaigne a continué une tradition flamande selon Rubens et Van Dyck, alors que la France est dominée par l'influence italienne.
Une de ses innovations est l'insistance sur le modellé des habits dans les portraits: inspiré de la sculpture. Une autre nouveauté est que le personnage pose la main sur le cadre du tableau comme s'il était à une fenêtre, certains disent qu'il s'agirait d'un message d'outre-tombe.
Il rejette les éléments baroques trop chargés après sa découverte de Port Royal, notamment les rayonnements, les poutis, ... Après les années 1650, il fait de plus en plus appelle à la raison face aux entiments mais ne renonce pas à la dramatisation.
Les portraits sont toujours très personnel avec des couleurs sobre, notamment du gris.

20 novembre 2006

François Mansart ( 1598 - 1666 )


Concepteur du classicisme, architecte qui a laissé son nom à un style architectural: le toit à mansard (ou mansarde)

I. Vie et origine

François Mansart est né en 1598 à Paris dans un milieu d'artistes du bâtiment. Son père, Absalon Mansart était maître-charpentier, et de Michelle Le Roy, était elle-même issue d'une famille de maîtres maçons, il est le sixième des sept enfants de sa famille. Son grand-père était maître-maçon, mais il n'y a aucun architecte dans sa famille. Au contraire, Salomon de Brosse, Lemercier et Androuet du Cerceau sont fils d'architecte.
François Mansart perd son père très tôt, il est formé par son beau-frère Germain Gaultier, un sculpteur et aussi architecte de la ville de Rennes. Sa mère se remarie en 1611 avec Denis Adam, un boulanger. François Mansart sillonne la France et passe notamment à Orléans, Aix en Provence et Rennes. Il est très impressionné par le chantier du parlement de Bretagne à Rennes par Salomon de Brosse. Il est aussi appelé auprès d'un oncle Marcel Le Roy, maître-voyer, et observe entre autres des chantiers de ponts.
François Mansart devient ensuite architecte et réalise notamment la première version de l'Eglise des Feuillants dans le faubourg Saint Honoré à Paris ce qui lui vaut un " brevet d'architecte du Roi pour le service de ses bâtiments "

II. Les réalisations

Les commandes de François Mansart participe de deux principaux réseaux :
  • les Brûlart ( chanceliers entre 1607 et 1724 ) et à leur suite le milieu des officiers de la couronne (dont le garde des sceaux Charles de l'Aubépine, la Vrillère, Longueil et Guénégaud)
  • le réseau de Gaston d'Orléans avec le réaménagement du château de Blois, son chancelier, Jean de Choisy avec le château de Balleroy en Normandie.
François Mansart n'a eu que peu de commandes de Louis XIII et du cardinal de Richelieu. Mais Anne d'Autriche, Mazarin et Colbert ont réalisé des commandes mais elles n'ont pas vraiment aboutit comme pour le Val de Grâce où il est déssaisit du projet à cause de son mauvais caractère. Pour Colbert, il a réalisé un projet pour le Louvre mais ce dernier attendait un projet arrêté et reproche à François Mansart sa trop grande souplesse. Pour Saint Denis, un projet de chapelle pour les Bourbons est réalisée mais il ne vera jamais le jour.
Ses plus belles oeuvres:
  • l'Eglise de la visitation rue Saint Antoine à Paris
  • le château de Balleroy en Normandie
  • le château de Blois et en particulier l'aile pour Gaston d'Orléans
  • la façade de l'hôtel Carnavalet à Paris à la demande de Claude Boylesve, intendant des finances
  • l'hôtel La Vrillère (la Banque de France) construit pour Louis Phélypeaux, Marquis de La Vrillière, Secrétaire d'Etat
  • le château de Maisons pour Longueil considéré comme le chef-d'oeuvre de François Mansart
D'autres oeuvres ont disparue dont:
  • le château de Berny où il remplace Clément Métezeau sur un projet de reconstruction partielle et de rénovation
  • le château de Fresnes
III. Influence et importance

Pierre Lescaux et Salomon de Brosse ont inspiré François Mansart. Au départ, il prône un clacissisme très rigoureux avec symétrie et équilibre. Avec l'âge, il n'hésite pas a être plus libre dans son plan mais à l'intérieur des bâtiments, il garde un clacissisme rigoureux.
C'est un des introducteurs du dôme, alors qu'il s'agit normalement d'un attribut plutôt baroque. Son modèle est l'architecte italien Paladio.
Il a su manier la rigueur et la richesse, les règles et la flexibilité, il a su éliminer les détails superflus. Il insiste beaucoup sur les pavillons centraux. Grâce à l'utilisation de colonnes, de terrasses, de frontons, éléments simples, il obtient une harmonie.
Son petit neveu, Jules Hardouin, prend plus tard son nom Mansart et continue son oeuvre.

17 novembre 2006

Blaise Pascal ( 1623 - 1662 )


Génie universel par excellence, grand homme de sciences et philosophe.

I. Un génie précoce

Né à Clermont, en Auvergne le 19 juin 1623, Blaise Pascal est le seul fils d'Antoinette Begon, morte alors qu'il n'a que trois ans, et d'Etienne Pascal. La famille de Blaise Pascal appartient au milieu des finances. Son grand père est receveur du taillon puis trésorier de France, charge grâce à laquelle il est anoblit. Son père devient président de la cour des Aides de Montferrant. Comme sa mère meurt très jeune, c'est donc à son père de se charger de son éducation. En 1631, son père renonce à ses ambitions familiales en vendant sa charge et ens'installant à Paris. Il se passionne pour les débats scientifiques et participe au salon de Marin Mersenne qui correspond avec des scientifiques de toute l'Europe. Blaise Pascal y participe aussi très tôt.
Il affirme avoir écrit un traité des sons dès 11 ans. A 12 ans, il est intégré au groupe de savants qui participe aux salons de Marin Mersenne. Il apprend très tôt la pensée de Descartes mais est gêné par son manque de démonstration. En 1639, il publie un essai sur les coniques où il invente la géométrie projective.
Son père est chargé par Richelieu de rétablir l'ordre en Normandie suite à la révolte des Nus-Pieds. Blaise Pascal est chargé de la levée des impôts et il s'interesse alors à la mise en pratique des mathématiques. Il invente une machine à calculer afin d'aider ceux qui lèvent les impôts. Il se lance dans les questions du vide et renouvelle des expériences faites par Toricelli à la tour Saint Jacques à Paris et à Clermont-Ferrand

II. Un génie confirmé

Il essaie de mesurer la pression atmosphériques à travers:
  • Traité du vide
  • Traité de l'équilibre des liqueurs
  • Traité de la pesanteur d'air
Il se passionne pour l'assèchement des marais, notamment dans le Poitou. A partir de 1650, il effectue des recherches plus théorique sur les probabilités, il voulait pouvoir évaluer les risques afin de les maîtriser. Il se lance alors dans une correspondance avec Pierre Fermat et s'interesse à la récurrence (le triangle de Pascal). En 1657, Huyghens rédige un manuel de probabilité inspiré par Pascal. Il définit le calcul intégral.
La recherhce mathématiques est sa passion de toute sa vie.

III. Le philosophe mystique

Blaise Pascla a très tôt un état d'esprit favorable au jansénisme. Il a le goût de l'effort et est méfiant face à un monde qu'il pense corrompu. Deux de ses soeurs entrent au couvent. Lui-même s'y intéresse mais reste dans un courant mondain jusqu'en 1654. A cette date, une crise mystique se produit.
Il rédige alors des ouvrages de polémique au service des jansénistes mais sans grand talent. Dans les Provinciales, il fait parler des jésuites dans des lettres. Il montre les excès des jésuites et apparaît de façon anonyme et clandestine. Le succès est énorme. Il parvient à délacer le terrain des affrontements avec les jésuites sur des questions plus théologique et surtout sur la question de la morale.
Il doit s'incliner lorsque le pape condamne le jansénisme. Sa propre nièce est concernée par un miracle: alors qu'elle est quasiment aveugle, elle retrouve la vue. La fin de sa vie est consacré à une apologie de la religion catholique rédigée sous forme de feuillets. C'est une oeuvre inachevée qui est publié en 1668, mais c'est une édition assez fautive, peu conforme à sa vision. Au XXème siècle, une édition est refaite de cet ouvrage selon ses idées.
Il meurt après de grandes souffrances en 1662.

Saint Vincent de Paul ( 1581 - 1660 )


Homme qui est au coeur du réveil religieux du XVIIème siècle.

I. Les protections

Vincent de Paul est le fils d'un paysan mais il a déja un oncle curé donc il est originaire d'une famille de paysan aisé. Il nait au village de Pouy, près de Dax en 1581. L'enfant est très jeune destiné à succéder à son oncle. Il fait donc des études de théologie notamment chez les Dominicains avant d'entrer à la faculté de théologie. Il est prêtre dès 20 ans alors que cela avait été interdit par le concile de Trente, il faut avoir un minimum de 25 ans. Mais il est protégé par l'évêque de Dax.
Les quelques années qui suivent sont obscures: Vincent de Paul aurait été kidnappé par des barbaresques entre 1605 et 1607 mais il s'enfuit et rejoint Rome. Il est alors chargé par le pape d'une mission secrète diplomatique à Avignon. Il rencontre Pierre Bérulle qui essaie de doter la France de bons prêtres et qui va le protéger à Paris. Cette protection lui permet de devenir aumônier de la reine Margot. Il devient alors curé de Clichy, une paroisse réputée difficile. Il est mis en contact avec la famille Gondi, devenu dévot. Vincent de Paul devient ainsi le précepteur des enfants de Philippe Emmanuel et reçoit des missions de plus en plus importante sur le domaine des Gondi.
Il devient ensuite curé de Châtillon sur Chalaronne, une des plus pauvres paroisse du royaume. Il devient aussi aumônier des galériens. Il rencontre les plus hauts dirrigeants de la contre-réforme catholique: François de Sales, André Duval (professeur à la Sorbonne), Duvergier de Mauranne (fondateur du jansénisme) ou se lie à la famille des Marillac, mais n'a jamais été inquiété par Mazarin.
Son origine sociale l'empêchait de jouer un rôle politique important.

II. Ses méthodes et ses réalisations

Vincent de Paul a créé des compagnies de charité, sorte d'association et à associé des laïcs à ses projets. Il voulait développer l'entraide entre les paroissiens parce que selon lui les pauvres doivent d'abord être nourrit: il est influencé en cela par le modèle protestant. La compagnie de charité créé à Châtillon sur Chalaronne est vite présenté comme un modèle. Les femmes y ont joué un rôle primordial ce qui est original pour l'époque.
Il essaie toute sa vie de diminuer la rudesse des galères. Il créé ainsi l'hôpital des galères à Marseille.
Vincent de Paul se lance dans l'évangélisation des campagnes. En 1625, il créé la société des prêtres de la mission afin de pouvoir donner des conseils aux prêtres. En 1632, il est installé dans le prieuré de Saint Lazare d'où leur nom de lazaristes.
Avec l'aide de Louise de Marillac, il créé les filles de la charité qui sont chargés d'aider les Dames de la charité de la haute société en 1633. Les filles de la charité sont des sortes d'infirmières qui visitent les malades.

III. Le saint

Vincent de Paul est canonisé en 1737. Il a exercé un magistère moral énorme et a été très connu de son temps. Les lazaristes ont été très efficace et sont régulièrement appelé pour réformer des diocèses. En 1633, il a organisé les conférences du Mardi: des sermonts de Vincent de Paul devant les dévots et souvent devant de jeunes prêtres dont Bossuet, le frère de Fouquet, Antoine Godeau, Nicolas Pavillon qui deviennent évêques par la suite.
La période de la Fronde est difficle pour les paysans. Vincent de Paul se donne pour mission d'adoucir les méfaits des gens de guerre en distribuant notamment des aumônes.
En 1643, il devient membre du conseil de conscience et meurt en 1660.

Théodore Agrippa d'Aubigné ( 1552 - 1630 )


Acteur des guerres de religion, fidèle à la cause protestante, grand écrivain et grand historien.

I. Humaniste et homme de guerre

Issue d'une noblesse fréquente, sa mère Catherine de l'Estang est morte en couche et son père Jean d'Aubigné, juge à Pons en Saintonge, se remarie. Il reçoit une éducation soignée: à 6 ans, il sait lire le grec, le latin et l'hébreu, à 7 ans, il aurait traduit Crypton de Platon, à 10 ans, il est placé à Paris chez Mathieu Berroal, le neveu de Vatable; il le suit à Orléans où son père meurt durant le siège. Agrippa d'Aubigné part pour Genève où il apprend l'astrologie et les sciences occultes. A 16 ans, il s'engage dans les guerres de religion. C'est un homme de guerre qui n'a jamais eu de poste important.Il est grièvement blessé à deux reprise en 1572 et 1577. Il tombe amoureux de Diane de Salviati, la nièce de Cassandre de Ronsard, qu'il décrit dans le Printemps.
Compagnon d'Henri de Navarre, il est présent à son mariage à Paris mais quitte la ville dès le 21 août. Il rejoint tout de même son maître à la cour alors que celui-ci est retenu prisonnier en se rapprochant des Guise. Il contribue à l'évasion d'Henri de Navarre et reprend la guerre avec lui. Durant la huitième guerre de religion, il aide à la prise d'Orléans et participe à la bataille de Coutras. Il reçoit alors le gouvernement de Maillezais où il est chargé de surveiller le cardinal de Bourbon.
Après les combats, Henri IV le nommeMaréchal de camp et vice-amiral de Guyenne mais Agrippa d'Aubigné se retire parceque son maître s'est converti au catholicisme. Durant l'enfance de Louis XIII, il soutient le Duc de Rohan et lui cède Maillezais. Il participe à nouveau aux guerres de religion puis s'exile à Genève où il se remarie. Il continue à écrire, notamment contre son fils qui est tenté de se convertir (sa petite-fille est Madame de Maintenon)

II. Les oeuvres poétiques

Il commence à écrire les Tragiques en 1577 et ne les publie qu'en 1616. Mais le recueil est mal compris à l'époque, il faut attendre les romantiques pour qu'il soit reconnu en tant que tel. Il y a trois temps essentiel dans les Tragiques:
  • le temps des hébreux: avec l'invention du monothéisme
  • le temps des apôtres aux martyrs avec la première église et les persécutions
  • le temps des protestants où le peuple est à nouveau persécuté
Son modèle est Luquin qui a écrit Pharsale, un récit poétique des combats de Jules César contre Pompée où il prend la défense du vaincu Pompée.
Son ouvrage est divisé en sept livres: les cinq premiers livres sont consacrés aux souffrances, les deux derniers sont consacrés à la victoire.
Cette ouvrage est mal accepté car Agrippa d'Aubigné n'a fait aucune concession au goût de l'époque. En outre, il utilise Ronsard comme modèle alors que sa poésie n'est plus à la mode. Agrippa d'Aubigné est un des pères du style baroque.
Ces autres oeuvres poétiques sont le Printemps et l'Hiver ainsi que la lettre à Madame (la soeur d'Henri IV, Catherine de Bourbon) où il lui demande de demeurer protestante.

III. Les oeuvres en prose

Les oeuvres en prose d'Agrippa d'Aubigné ont marqué ces contemporains. Ainsi l'histoire universelle publié en 1619, qui retrace l'hsitoire des années 1550 à 1602 et se veut impartial. Il découpe le livre en trois parties elles-même divisé en cinq sous-parties. Chacune des sous-parties commence par une guerre civile et ainsi jusqu'à la paix. Sous couvert de neutralité, il soutient pourtant les protestants. Pour lui tout se résume à un complot immense de la papauté avec les jésuites.
Il écrit aussi des pamphlets dont les confessions catholiques du Sieur de Sancy; Nicolas Harlay travaille à la commission des finances du roi et se convertit pour faire plaisir à Henri IV, il créé alors une caisse de conversion pour les nouveaux convertis qui perdent tout leurs appuis. Agrippa d'Aubigné le ridiculise et dénonce la tyrannie d'Henri IV de façon indirecte.
Sa dernière oeuvre est la plus lue à l'époque. L'Aventure du baron de Faeneste est un dialogue entre l'être et le paraître où il dénonce l'hypocrisie de la cour.
Il rédige également un traité politique, le devoir mutuel du roi et de ses sujets où il prône une monarchie tempérée.
Il meurt en 1630 à Genève lors de son exil.

Clément Marot (vers 1496 - 1544)


Un des plus célèbres poètes français dont les ambiguités religieuses traduisent les difficultés de l'époque.

I. Un poète de cour

Il est né vers 1496 à Cahors. C'est le fils de Jean Marot qui grâce à ses poèmes à su conquérir la cour d'Anne de Bretagne. Originellement petit boutiquier, il devient rhétoriqueur et est chargé de chanter la gloire du roi Louis XII: pour lui la forme est plus importante que le fond, il s'impose des contraintes très difficiles.
Clément Marot suit les traces de son père et devient clerc chez un procureur de la chancellerie, milieu très favorable aux humanistes, après avoir fait de solides études de droit. Il commence par traduire Virgile, puis il se lance dans le poème avec le temple de Cupidon, à l'occasion du mariage de François Ier.
En 1519, il passe au service de Marguerite d'Angoulême; c'est par ce biais qu'il apprend à connaître les premières idées évangélistes. Il suit la cour et va au camp du drap d'or. En 1521, il participe au début de la guerre. En 1527, il succède à son père en tant que valet de chambre du roi.

II. Au coeur du XVIème siècle politique et religieux

Clément Marot prétend dans ses épitres avoir été inquiété par ses idées religieuses entre 1526 et 1532. Il fait plusieurs fois de la prison, notamment pour avoir rompu le jeûne ou pour avoir libéré des prisonniers. Mais peut être a-t-il tout simplement calqué ses idées sur le poète François Villon qui lui avait fait de la prison.
Il est très mal vu par la Sorbonne et le Parlement et ne peut continuer à écrire qu'avec la protection du roi et de Marguerite d'Angoulême. En 1534, il est sur la liste des personnes inquiétés pour l'affaire des placards, condamné par contumance à être brûlé. Il se réfugie alors à Nérac puis à Ferrarre. En 1536, il revient en France et abjure solenellement.
Il traduit des psaumes qui sont publiés à Strasbourg, l'Enfer est publié à Anvers. En 1543, ses livres sont mis à l'index. Il s'enfuit d'abord à Genève, mais il ne s'y sent pas bien, puis à Turin où il meurt en 1544.

III. Les oeuvres

Il commence par écrire des poèmes de grand rhétoriqueur mais abandonne très vite et revient à une tradition plus médiévale, dans la veine de François Villon. Il adopte alors des formes très simples qui le rapproche de l'oralité. Son oeuvre est très appréciée à travers les siècles.
Son originalité tient au fait qu'il écrit dans un style très simple et utilise ses propres sentiments dans ses poèmes: c'est la naissance du "moi" en littérature. Il écrit des ballades, des rondeaux mais aussi des chansons, des épigrammes, des épîtres et même des coqs à l'âne.
On peut citer entre autre:
  • le temple de cupidon en 1515
  • l'adolescence clémentine en 1532
  • la suite de l'adolescence clémentine en 1534
  • Les oeuvres en 1538 (avec notamment des épîtres)
  • Les psaumes en 1541
  • l'Enfer en 1521

IV. Epître XVI de l'adolescence clémentine

Marot Prisonnier escript au Roy, pour sa delivrance

Roy des Françoys, plein de toutes bontez,

Quinze jours a (je les ay bien comptez)

Et des demain seront justement seize,

Que je fuz faict Confrere au Diocese

De sainct Marry en l'Eglise sainct Pris:

Si vous diray, comment je fuz surpris,

Et me desplaist, qu'il fault que je le dye.

Trois grands Pendars vindrent à l'estourdie

En ce Palais, me dire en desarroy,

Nous vous faisons Prisonnier par le Roy.

Incontinent, qui fut bien estonné,

Ce fut Marot, plus que s'il eust tonné.

Puis m'ont monstré ung Parchemin escript,

Où il n'avoit seul mot de Jesuchrist:

Il ne parloit tout que de playderie,

De Conseilliers, et d'emprisonnerie.

Vous souvient il (se me dirent ilz lors)

Que vous estiez l'aultre jour là dehors,

Qu'on recourut ung certain Prisonnier

Entre noz mains? Et moy de le nyer:

Car soyez seur, si j'eusse dict ouy,

Que le plus sourd d'entre eux m'eust bien ouy:

Et d'aultre part j'eusse publicquement

Esté menteur. Car pourquoy, et comment

Eussé je peu ung aultre recourir,

Quand je n'ay sceu moymesmes secourir?

Pour faire court, je ne sceu tant prescher,

Que ces Paillards me voulsissent lascher.

Sur mes deux bras ilz ont la main posée,

Et m'ont mené ainsi qu'une Espousée,

Non pas ainsi, mais plus roide ung petit:

Et toutefois j'ay plus grand appetit

De pardonner à leur folle fureur,

Qu'à celle là de mon beau Procureur.

Que male Mort les deux jambes luy casse:

Il a bien prins de moys une Becasse,

Une Perdrix, et ung Levrault aussi:

Et toutesfoys je suis encor icy.

Encor je croy, si j'en envoioys plus,

Qu'il le prendroit: car ilz ont tant de glus

Dedans leurs mains ces faiseurs de pipée

Que toute chose, où touchent, est grippée.

Mais pour venir au poinct de ma sortie:

Tant doulcement j'ay chanté ma partie,

Que nous avons bien accordé ensemble:

Si que n'ay plus affaire, ce me semble,

Sinon à vous. La partie est bien forte:

Mais le droit poinct, où je me reconforte,

Vous n'entendez Proces, non plus que moy:

Ne plaidons point, ce n'est que tout esmoy.

Je vous en croy, si je vous ay mesfaict.

Encor posé le cas que l'eusse faict,

Au pis aller n'escherroit que une Amende.

Prenez le cas que je la vous demande,

Je prens le cas que vous me la donnez:

Et si Plaideurs furent onc estonnez,

Mieulx que ceulx cy, je veulx qu'on me delivre,

Et que soubdain en ma place on les livre.

Si vous supply (Sire) mander par Lettre,

Qu'en liberté voz gens me vueillent mettre:

Et si j'en sors, j'espere qu'à grand peine

M'y reverront, si on ne m'y rameine.

Treshumblement requerant vostre grâce,

De pardonner à ma trop grand audace

D'avoir empris ce sot Escript vous faire:

Et m'excusez, si pour le mien affaire

Je ne suis point vers vous allé parler:

Je n'ay pas eu le loysir d'y aller.