26 novembre 2006

La dame de Vix ( environ 500 av. J.C. )


En Bourgogne, au pied du Mont Lassois est découvert un des plus beau site princier celte en 1953.

I. Histoire du site

La tombe remonte au début du VIème siècle av. J.C. et correspond à la fin de l'âge de Fer. C'est l'apogée du Mont Lassois qui occupait une place stratégique dans les relations entre Europe du Nord et Europe du Sud. Venant des îles britanniques, l'étain était débarqué à Vix où la Seine cessait d'être navigable, pour être transporté en Italie par voie terrestre. Cette découverte met en avant l'ampleur des échanges culturels des mondes méditerranéen et septentrional.
Le site se trouve sur l'axe de communication Nord-Sud reliant le bassin parisien au bassin rhodanien via les vallées de la Seine et de la Saône. L'oppidum du Mont Lassois est une plaque tournante de l'étain qui transitait entre la Cornouailles et l'Italie. L'étain débarqué à Vix était ensuite transporté vers l'Italie par voie terrestre.

II. Les fouilles

En janvier 1953, le cratère est découvert par Mr Moisson, chef de chantier, resté un soir pour avancer le travail. Il faudra alors quatre jours pour extraire le vase : écrasé, le col et le pied sont rentré dans la panse, les anses doivent être démontées mais heureusement il est possible de tout reconstituer. Les 12 et 13 février, ils découvrent le corps de la Dame de Vix, dans une chambre funéraire de 9m2, reposant sur un char et parée de nombreux bijoux, bracelets en schiste et en perles d'ambre.
A côté de son crane repose un admirable torque en or de 24 carats qui pèsent 480 grammes. D'autres objets sont trouvés autour du Mont Lassois tels que 40 000 tessons de céramique, une figure en bronze, des amphores, des coupes, des cratères à volutes et à colonnettes, vingt-cinq vases à figurines noires, des boucles d'oreilles, des bracelets, des anneaux, des perles et quelques armes.
Pour les archéologues, ces découvertes majeures figurent parmi les plus importantes du XXème siècle, au même titre que celles de la tombe de Toutankhamon, de la grotte de Lascaux, des rouleaux de la mer Morte ou du mausolée du premier empereur de Chine.

III. Le cratère de bronze de Vix

Le cratère est une pièce exceptionnelle pour les scientifiques qui tentent de comprendre comment les artisans de l'époque sont parvenus à créer un tel chef-d'oeuvre.
Caractéristiques du cratère:
  • Un vase d'un mètre 64 pour 208 kg
  • Un couvercle passoire de 13,8 kg
  • Une statuette de femme vêtus d'un peplos, portant un voile de style archaïque se
    trouvant sur l'ombilic du centre du couvercle d'une hauteur de 19 cm.
  • Une anse en volutes supportées par des gorgones dont le corps se confond avec la queue des serpents.
  • Un col décoré par un bandeau en relief représentant un défilé d'hoplites et de chars à quatre chevaux.
Ce cratère est le plus grand vase connu à ce jour. Il est deux fois plus haut que des objets similaires retrouvés en ex-Yougoslavie et peut contenir presque quatre fois plus de liquide soit quelques 1100 litres. L'usage de ce vase fabriqué par les Grecs de l'Italie du Sud, vers 530-520 av. J.C. reste un mystère. Peut-être était-il un cadeau diplomatique offert à la princesse avec laquelle on l'a découvert pour la remercier du commerce entretenu sur son territoire.

IV. La dame de Vix

La tombe renfermait la dépouille d’une femme d’une trentaine d’années gisant autrefois sur un char, peut-être recouverte d’une étoffe. On a retrouvé de nombreux éléments métalliques du véhicule. La dame était sans doute parée de ses plus beaux atours. Elle était couverte de pas moins de 25 objets de parure : fibules - broches pour retenir les extrémités d’un vêtement - en bronze, avec incrustations de corail ou d’ambre, ou de fer avec de l’or ; anneaux de bronze pour les chevilles, bracelets de schiste, de bronze avec des perles d’ambre, de diorite et de serpentine. Et surtout l'extraordinaire collier d’or ou torque de 480 grammes.
Outre ces bijoux, on a retrouvé une cruche - oenochoé en jargon archéologique - et trois bassins - récipients portatifs creux - étrusques en bronze, ainsi que deux coupes en céramique originaires de la région d’Athènes. S’ils apportent de très précieuses informations sur les courants d’échanges entre la région de Vix et la Méditerranée, ils n’ont pas la même valeur artistique que le fameux cratère, le torque en or et une coupe en argent, appelée « phialle » par les spécialistes rehaussée d’or. La coupe possède un fond constitué d’un ombilic, arrondi recouvert d’une feuille d’or. Le reste de la coupe est fabriqué en argent, métal très rarement employé à l’époque.
A la contemplation de ces objets d’exception, une question se pose : qui était la dame de Vix pour justifier un enterrement aussi fastueux ? Il s’agissait, selon toute vraisemblance, d’une personnalité très importante. Laquelle a emporté dans l’autre monde les objets symbolisant son rang dans le monde des vivants. Le choix du vase qu’il soit propre à la Dame de Vix, ou qu’il relève de la personne qui lui en a fait cadeau de son vivant ou comme dernier hommage, peut constituer une référence au statut social et au prestige de cette femme qui fut sans doute l’une des plus puissantes au cœur de la Gaule. Les femmes pouvaient apparemment jouer un rôle de premier plan. « Celui de la dame de Vix était sans doute plus religieux que politique » d'après Claude Rolley. On peut supposer qu’il s’agissait d’une sorte de prêtresse d’un culte. La coupe en argent était peut-être ainsi la marque de son pouvoir, un objet qu’elle utilisait lors d’une cérémonie religieuse, une libation par exemple, au cours de laquelle elle répandait un liquide en l’honneur d’une divinité. Et ce à l’occasion du départ des hommes au combat, comme pourrait le laisser penser les guerriers représentés sur le cratère. La statuette du couvercle étaye cette hypothèse religieuse: elle montre une femme debout, la tête couverte d'un long voile, tenant apparemment dans ses mains des objets qui ont disparu. Une autre statuette, découverte près de la tombe, permet de les identifier: elle représente, elle aussi, une femme debout qui tient une phialle dans sa main droite et une cruche dans sa main gauche. La cruche a pu servir à puiser un liquide dans le cratère, la coupe à le verser. Le cratère, la cruche et les bassins étrusques ainsi que les coupes attiques découvertes dans la tombe de Vix évoquent le cérémoniel des banquets tels qu’on les voit sur les fresques de tombes étrusques. La réserve de boisson était constituée par le vase, la cruche servant à verser le liquide et les coupes à le boire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Amateur d'histoire et d'archéologie, connaissant très bien le site de Vix et le musée archéologique de Chatillon sur Seine, je ne peux que vous féliciter pour votre blog et vous encourager, non seulement à le garder mais à le développer! Chapeau Monsieur, pour votre excellent travail personnel!