03 décembre 2006

Le marquis de Sade ( 1740 - 1814 )


Ecrivain français, philosophe et libertin.


I. Sa formation

Donatien Alphonse François de Sade est né à Paris dans l'hôtel de Condé le 2 juin 1740. Il est le descendant d'une vieille et prestigieuse famille de l'aristocratie de Provence. Après une année chez ses tantes en Avignon et dans le Comtat Venaissin, Donatien Sade est pris en charge, à partir de 1745, par son oncle paternel, l'abbé de Sade. C'est ce dernier qui s'occupe de son éducation d'abord à l'abbaye Saint-Léger d'Ébreuil, puis à Saumane. Ce libertin et historien de Pétrarque lui donne une éducation non conventionnelle pour l'époque. À partir de 1750, il entre au Lycée Louis-le-Grand alors dirigé par les jésuites à Paris. C'est lors de ces études, qu'il découvre le théâtre et la scène, pour lesquels il garde une passion sa vie durant. Il y fait aussi la connaissance de l'Abbé Amblet qui lui donne des cours particuliers. A 14 ans, il entre dans une école militaire réservée aux fils de la plus ancienne noblesse et devient sous-lieutenant un an plus tard. C'est dans ce cadre qu'il participe à la guerre de Sept ans contre la Prusse. Il y brille par son courage, mais aussi par son goût pour la débauche. Revenu, en 1763, avec le grade de capitaine, il fréquente les actrices de théâtre et les courtisanes. Son père, pour y mettre fin, cherche à le marier au plus vite.
Le 17 mai 1763, il épouse Mlle de Montreuil, de noblesse récente, mais fortunée. Il ne s'assagit pas pour autant et fait, dans la même année, son premier séjour en prison pour « débauches outrées ». En avril 1764, Donatien Sade est autorisé à revenir à Paris. La même année, il reçoit au parlement de Bourgogne la charge de lieutenant général de Bresse, Bugey, Valromey et Gex, héritée de son père qui s'est démis en sa faveur en 1760. En 1768, il est à nouveau incarcéré six mois pour avoir enlevé et torturé une passante. Il donne fêtes et bals dans son domaine provençal de La Coste, voyage en Italie, notamment avec sa belle-sœur dont il s'est épris. A Marseille, en 1772, il est accusé d'empoisonnement: il avait en fait distribué, lors d'une orgie, des dragées aphrodisiaques à quatre prostituées et l'une d'entre elles est tombée malade; il doit s'enfuir en Savoie. Condamné à mort par contumace, il est arrêté, s'évade, puis cinq ans plus tard - au cours desquels il alterne voyages et scandales -, il est arrêté à Paris où il était venu régler ses affaires à la suite du décès de sa mère.

II. Le marquis échappe à la guillotine

Malgré les interventions de sa femme, il passe cinq années dans le donjon de Vincennes, écrivant pièces de théâtre et romans pour tromper son ennui, avant d'être transféré à la Bastille où il commence la rédaction des Cent vingt journées de Sodome publié en 1785 puis, deux ans plus tard, Les infortunes de la vertu et Aline et Valcour. En juillet 1789, dix jours avant la prise de la bastille, il est transféré à Charenton, dans un asile de fous. Il doit abandonner sa bibliothèque de six cents volumes et ses manuscrits.
En 1790, il recouvre la liberté, accordée à toutes les victimes de lettres de cachet. Sa femme, lasse de ses violences, obtient la séparation. Ses deux fils émigrent. Pour survivre dans le Paris révolutionnaire - ses biens, en Provence, ont été pillés et mis sous séquestre - il cherche à faire jouer ses pièces, se lie avec une jeune actrice, Marie Constance Quesnet, qui lui reste fidèle jusqu'au bout. Justine ou les malheurs de la vertu est publié anonymement en 1791.
Pour faire oublier ses origines nobles, il milite dans la section révolutionnaire de son quartier. Mais son zèle n'est-il pas assez convaincant ? Fin 1793, il est arrêté et condamné à mort. Oublié dans sa geôle à la suite d'une erreur administrative, il échappe à la guillotine et est libéré en octobre 1794.

III. Trente ans de sa vie passé en prison

Vivant chichement - ses seuls revenus sont ses écrits - il publie en 1795 La philosophie dans le boudoir, Aline et Valcour, La nouvelle Justine et Juliette (Justine et Juliette sont deux sœurs, l'une incarnant la vertu, l'autre le vice, qui subissent des aventures où la luxure le dispute à la cruauté). La presse l'accuse d'être l'auteur de « l'infâme roman » Justine. Il s'en défend maladroitement. En 1801, la police saisit ses ouvrages chez son imprimeur. On ne lui pardonne pas sa violence érotique, son « délire du vice », sa pornographie. Sans jugement, par simple décision administrative, il est enfermé dans l'asile de fous de Charenton. Il va y être, qualifié de « fou » mais parfaitement lucide, malgré ses suppliques et ses protestations, et y mourir le 1er décembre 1814 sans jamais retrouver la liberté. Cet esprit libre, sur ses 74 années de sa vie, en aura passé 30 en prison.
Ses descendants refuseront de porter le titre de marquis, et il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour que son œuvre, dans laquelle il a ouvert la voie à la psychologie sexuelle moderne, soit « réhabilitée ».
Aujourd'hui, le marquis de Sade est d’abord considéré comme un philosophe. Attaquant la morale de son époque, qu’il juge hypocrite, défendant les vices, souvent au mépris de toute logique et en prêtant à la nature les intentions nécessaires pour donner raison à ses personnages libertins, il examine en fait les préjugés, les valeurs, et les conventions sociales, le côté obscur de la philosophie des Lumières.

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