Il s'agit d'une nouvelle forme d'engagement chrétien dans le cadre de la Réforme catholique au XVIIème siècle. Cet engagement refuse de dissocier la religion et la vie ordinaire: des laïcs sont donc touchés. Son activité s'inscrit dans le cadre de l'existance du protestantisme (avec la tolérance civile), du gallicanisme et de la tutelle royale que le roi a sur son clergé et qui résulte de la situation particulière du royaume de France.
Comment les dévots arrivent-ils à réliser leur ambition de rendre la société française plus catholique?
I. Un nouvel engagement chrétien
1. Naissance d'un modèle
Au début du XVIIème siècle, François de Sales publie son Introduction à la vie dévote. Il y explique qu'on n'est pas obligé de renoncer aux activités de la vie civile, qu'on peut concilier la religion et la vie civile. Il répond à l'influence du protestantisme qui instaure une sorte de concurence entre catholicisme et protestantisme.
Les dévots observent une discipline spirituelle stricte: des confessions fréquentes, des mortifications (avec le cilice), la lecture de livres de piété, le choix d'un directeur spirituel, des prières régulières, ...
François de Sales: "ceux qui sont simplement gens de biens cheminent vers la voie de Dieu, ceux qui sont dévot courent, s'ils sont bien dévots, ils volent"
Les dévots pratiquent moins les prières d'intercession, sauf en ce qui concerne la piété mariale. Les prières liées au thème de la Vierge: autour de l'Annonciation, de l'Immaculée conception, ... Ils développent le cycle du rosaire, prière collective sous influence des Dominicains, soutenu par le chapelet. Les dévots encouragent les dévotions christologiques: culte du Saint Sacrement, autour de la confrérie du même nom, dévotion au Sacré-Coeur, culte de l'enfant Jésus développé par Pierre Bérulle.
Les dévots observent une discipline spirituelle stricte: des confessions fréquentes, des mortifications (avec le cilice), la lecture de livres de piété, le choix d'un directeur spirituel, des prières régulières, ...
François de Sales: "ceux qui sont simplement gens de biens cheminent vers la voie de Dieu, ceux qui sont dévot courent, s'ils sont bien dévots, ils volent"
Les dévots pratiquent moins les prières d'intercession, sauf en ce qui concerne la piété mariale. Les prières liées au thème de la Vierge: autour de l'Annonciation, de l'Immaculée conception, ... Ils développent le cycle du rosaire, prière collective sous influence des Dominicains, soutenu par le chapelet. Les dévots encouragent les dévotions christologiques: culte du Saint Sacrement, autour de la confrérie du même nom, dévotion au Sacré-Coeur, culte de l'enfant Jésus développé par Pierre Bérulle.
2. De la régénération individuelle à celle de la société
Il y a un certain paradoxe chez les dévots, d'un côté ils cultivent la sollitude et d'un autre ils développent un discours très dur face à la société. Mais ils essaient aussi d'agir par différents moyens:
- les oeuvres de charité qui deviennent une manière de sauver son âme et de changer la société
- organisation de bonnes oeuvres entre 1630 et 1670; celle de Vincent de Paul à Châtillon sur Chalaronne devient un modèle à partir de 1617
Cela permet un meilleur contrôle de la société. Les dévôts veulent construire une société plus chrétienne avec des tensions sociales moins fortes.
3. Un soutien à la réforme catholique
Les dévots veulent soutenir la réforme catholique en apportant leur aide aux ordres réformés. Entre autres, Madame Acarie favorise l'implantation du carmel en France, alors que Pierre Bérulle fonde l'Oratoire. Entre 1598 et 1661, cinquante-cinq nouveaux monastères ouvrent à Paris.
Ils encouragent aussi la création de confréries, notamment de confréries de métiers, avec l'organisation de processions, de prières et d'oeuvres de charité. A l'échelle de tout le royaume, ils fondent la compagnie du Saint Sacrement.
II. Le parti dévot
1. Un programme cohérent
Leur programme est simple et clair: la défense systématique du catholicisme qui peut parfois aller jusqu'à l'opposition de la monarchie. L'origine de ce parti remonte en partie à la Ligue, alors que Paris était aux mains des Ligueurs dans un climat de passions religieuses, notamment autour de Madame Acarie et Michel de Marillac. Il descend aussi en partie du courant qu'avait soutenu les Politiques, autour du père Joseph, de Saint Cyran et de Pierre Bérulle.
Leur modèle à partir des années 1620, la Bohème, terre de reconquête catholique: leur priorité étant de faire refluer le protestantisme dans toute l'Europe. Ils sont horrifiés par les conflits et les combats entre catholiques, notamment par la guerre entre la Mère et le Fils (Marie de Médicis et Louis XIII) et par la guerre contre les Habsbourg. Ils sont en règle générale en accord avec le pape et donc plutôt ultramontain.
Au XVIIIème siècle, ils développent un combat contre l'impiété.2. Le rôle politique
A la fin de la vie d'Henri IV, les dévots s'opposent à sa politique. Ils luttent aussi contre la politique de Richelieu. En 1627, ils créent la Compagnie du Saint Sacrement. En 1630, après la journée des dupes, ils sont éloignés du pouvoir. Une cabale est organisé contre Richelieu: la conjuration de Cinq-Mars.
L'agitation irrite le jeune Louis XIV qui supprime la Compagnie du Saint Sacrement après l'affaire autour du Tartuffe de Molière en 1666. A ce moment, les dévots semblent brisé et pourtant, progressivement, le roi se met à agir comme ils le voulaient.
L'agitation irrite le jeune Louis XIV qui supprime la Compagnie du Saint Sacrement après l'affaire autour du Tartuffe de Molière en 1666. A ce moment, les dévots semblent brisé et pourtant, progressivement, le roi se met à agir comme ils le voulaient.
3. les dévots au XVIIIème siècle
Au début du XVIIIème siècle, les dévots reprennent de l'importance à la cour avec les confesseurs jésuites tels que le père La Chaise ou le père Le Tellier. Leur influence est particulièrement forte à l'époque de Fleury. Un groupe organisé autour du Dauphin et de la Reine sous Louis XV défend les jésuites.
Les dévots participent à la naissance des Anti-Lumières avec Berger et Moreau (le précepteur des enfants de Louis XV). Les pratiques de dévotion se développent dans les campagnes autour de différentes confréries, alors que l'élite urbaine est beaucoup moins dévote: à la campagne, la dévotion est beaucoup plus sentimentale qu'en ville.
III. Les remises en cause du courant dévot.
1. Les divisions des dévots
Au XVIIème siècle, un nouveau courant naît: le jansénisme qui s'oppose bientôt aux jésuites.
Les dévots ultramontains s'opposent aussi aux gallicans.
Ces divisions fragilisent leur influence et permet à leurs opposants de trouver des arguments.
2. L'opposition des Lumières
Une tradition anti-dévot apparait bientôt: les libertins spiritualistes mais le véritable anti-cléricalisme nait avec Voltaire.
La charité change de nature avec la naissance de la philantropie: la charité est prônée en soi et non plus pour son Salut.
La charité change de nature avec la naissance de la philantropie: la charité est prônée en soi et non plus pour son Salut.
3. La Révolution Française
Durant la Révolution Française, une nouvelle forme de dévotion apparaît en France. Une résistance à la déchristanisation se développe dans certaines campagnes. Au début du XIXème siècle, se produit un grand réveil avec une religion beaucoup plus sentimentale suite au Génie du christianisme de Chateaubriand.
Même si le parti dévot est au final un échec, il y a eu d'indiscutables progrès:
Même si le parti dévot est au final un échec, il y a eu d'indiscutables progrès:
- la tolérance face aux protestants a été remis en cause
- ils ont été à l'origine d'un véritable réveil religieux
Ils ont été une menace pour l'esprit classique qui prônait la rationalité et qui est donc devenu un contre-courant au parti dévot.
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