26 novembre 2006

Apulée ( vers 125 - vers 170 )


Auteur du IIème siècle ap J.C. originaire d'Afrique, un des premiers exemples d'une carrière littéraire entièrement réalisée en dehors de Rome.

I. Sa formation

Lucius Apuleius est né vers 125 dans une riche famille de Madaure en Numidie. Fils d'un duumvir de Madaure, il est doté d'une fortune honorable. Dans un premier temps, il étudie à Carthage, où il apprend l'éloquence latine, puis il part à Athènes pour suivre un enseignement philosophique supérieur. Il voyage beaucoup, notamment de la partie orientale de l'Empire, passe par Rome avant de retourner en Afrique. Carthage devient sa résidence habituelle et où il y meurt après 170. Bien que totalement romain par sa culture et son oeuvre, Apulée reste très attaché à ses origines, n'hésitant pas à se revendiquer plus tard "demi-numide et demi-gétule". Une statue le représente à Carthage et le désigne comme un "philosophe platonicien". Il s'intéresse à tout, aux sciences, à la philosophie, à la religion, et même à la magie. Parlant aussi bien le latin que le grec, il peut même passer sans problème d'une langue à l'autre au cours du même discours.

II. Son oeuvre

Il écrit beaucoup durant toute sa vie. Les métamorphoses ou l'âne d'or en onze livres le rend célèbre. Il s'agit d'un récit fait à la première personne, d'un certain Lucius, un jeune homme curieux de tout, qui s'étant frotté de trop près à la magie, se voit transformé en âne. Sous cette forme, il va connaître toute une série d'aventures, entrant en contact successivement avec des brigands, des esclaves fugitifs, des prêtres de la déesse syrienne, un meunier, un maraîcher, un soldat, deux frères esclaves un pâtissier et un cuisinier, puis leur maître. Etant donné que c'est l'âne qui raconte et qu'il a conservé son sens aigu de l'observation et son esprit critique d'homme, il nous donne à voir par l'intérieur les activités et les préoccupations de tous ces milieux très différents qu'il a fréquentés. L'ensemble nous fournit un remarquable tableau de la vie quotidienne au IIe siècle de l'Empire. Tout cela, au fil de plusieurs livre, car la transformation en âne s'est produite au livre III et c'est au dernier livre seulement que Lucius retrouve sa forme humaine, ce qui ne sera d'ailleurs possible que grâce à l'intervention bienfaisante de la déesse Isis. En réalité sur l'histoire principale viennent se greffer par des procédés variés, une foule d'autres récits de longueur variable. Le plus long d'entre eux est le Conte d'Amour et de Psyché; c'est une vieille servante qui, dans la caverne des brigands, le raconte à Charité, une jeune fille que ces mêmes brigands viennent d'enlever. Sur ce plan, les Métamorphoses apparaissent aussi comme un recueil de nouvelles. Mais dans cette première oeuvre, il ne parle pas de sa terre d'origine. Ce n'est que dans les oeuvres qui suivent qu'il évoque l'Afrique.
L'Apologie est un pladoyer retouché qu'il prononce devant le tribunal du proconsul lors du procès qui lui fut intenté par les parents de sa femme Emilia Pudentilla, beaucoup plus âgée que lui, qu'il a épousée à Oea en Tripolitaine. Fâchés voir l'héritage leur échapper, ceux-ci l'accusèrent devant les tribunaux d'avoir envoûté leur parente pour qu'elle accepte de l'épouser.
Apulée était un conférencier à succès; les florides regroupent vingt-trois discours publics qu'il a prononcé à Carthage en latin ou en grec.
Il rédigea aussi des poèmes, des traductions, des traités techniques aujourd'hui perdus notamment sur les arbres, la médecine, l'astronomie..., et qui n'étaient peut-être que de simples compilations ou des résumés. Nous possédons par contre, sous son nom, plusieurs traités philosophiques. Le De deo Socratis constitue l'exposé le plus approfondi que l'antiquité nous ait laissé sur la démonologie. Le De Platone et eius dogmate libri II, sorte de résumé scolaire et assez terne de la doctrine de Platon et enfin le De mundo, qui s'inspire de la théorie péripatéticienne de l'univers et qui n'est en fait qu'une adaptation en latin d'un traité grec anonyme sur le même sujet.

III. Les apports.

A travers ses oeuvres, on comprend que l'enracinement d'Apulée dans sa patrie de Madaure ne s'oppose pas à son appartenance à la romanité.
On dicerne la place de la femme dans la bonne société des villes de Tripolitaine, les superstitions et les pratiques rurales de magie au IIème siècle dans une des régions les plus riches de l'Afrique. On y trouve également l'influence du droit romain dans des stratégies matrimoniales et successorales africaines, le fossé culturel qui sépare l'élite et les paysans dont Apulée se sert pour montrer au gouverneur qu'ils appartiennent au même monde.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour toutes ces infos sur un écrivain berbère, votre blog est très intéressant.